Dans une manifestation récente contre le passe sanitaire, j’ai été interpellée vertement par un quidam : « Allez voir en Russie, ou en Chine ! »
La citation de Jean Marie MULLER, sur mon panneau, lui a fortement déplu semble-t-il : « Ce qui menace la démocratie, aujourd’hui comme hier, ce n’est pas la désobéissance civile mais l’obéissance servile. »
J’ai pu lui lancer : « En Russie, les gens peuvent manifester dans la rue. Que croyez-vous prouver ?
Et lui de répondre : « Oui, mais ils manifestent pour des choses un peu plus sérieuses que vous. »
Eh ! Eh ! Mais la surveillance de masse, c’est du sérieux !
Pas eu le temps de lui parler de la Chine car le monsieur n’était visiblement pas d’humeur à débattre.
D’ailleurs, nul besoin de faire le déplacement en Chine (ouf, la planète respire) car ça « masse surveille » pas mal en France.
1° Faut-il rappeler les divers fichiers existants ?
Fichier des Personnes Recherchées (FPR) connu sous le nom de Fichier S, Traitement des Antécédents Judiciaires (TAJ) pour les plus connus.
Le développement des fichiers est exponentiel : un rapport parlementaire en la matière en identifie ainsi une centaine à la disposition des forces de l’ordre (1).
2° Le passe sanitaire n’est-il pas notre « crédit social » à nous ?
Outre le fait qu’il divulgue de façon injustifiée des données sur l’état civil et des données de santé sur les personnes, celles qui ne se conforment pas aux diktats gouvernementaux sont, de fait, interdites de mouvement.
La liberté, ce n’est pas être flashé.e pour avoir accès aux restaurants, aux cinémas et autres lieux soumis à l’obligation du passe sanitaire.
Si la liberté ne se résume pas à consommer, le fait est que la liberté de se déplacer est remise en cause par ce gouvernement.
Ce gouvernement, qui pousse le bouchon toujours plus loin, envisage de prolonger le passe sanitaire jusqu’au 31 juillet 2021.
Manière de tâter le terrain pour sonder la réaction des gens (pour tester « l’acceptabilité sociale »).
Évidemment, moins il y a de réactions de la population, et plus loin iront ceux qui nous gouvernent.
3° D’ailleurs, un rapport du Sénat, présenté au mois de juin de cette année, défend la mise en place d’une plateforme numérique de collecte de données pour prévenir de nouvelles épidémies (2).
Cette plateforme numérique serait nommée Crisis Data Hub (appellation qui fait écho à la plateforme de santé promue par Macron et joliment appelée Health Data Hub).
L’idée est de croiser des données qui sont, pour le moment, dans des fichiers non interconnectés.
« Ces données seraient croisées et utilisées à bon escient. » disent les cerveaux qui ont pensé cette nouveauté. Ouf, nous voilà rassuré.e.s, d’autant qu’ils ajoutent : « Nous ne proposons pas de limiter les libertés, nous cherchons un moyen de les retrouver. » Voilà qui sonne comme un aveu : nos libertés sont effectivement entravées.
En filigrane, on peut entendre : « la liberté, c’est d’être fliqué.e »
Les rapporteurs du texte imaginent différentes possibilités en fonction de l’ampleur de l’épidémie :
- « des outils d’information et de coordination face à une crise « modérée »,
- des outils de rappel à l’ordre (type envoi d’un SMS) en cas de situation plus grave,
- et des mesures plus fortes pour les cas extrêmes, avec par exemple la désactivation du titre de transport ou des comptes bancaires d’une personne qui violerait la quarantaine. »
Allez voir en Chine qu’y disait, le monsieur énervé !
Sous la volonté affichée de défendre la santé de tous et toutes, un système liberticide se met en place. Le COVID est tombé à point nommé pour mettre de telles mesures en avant. Effet d’aubaine comme on dit.
4° Dans un autre domaine, celui de la sécurité, les individus qui nous gouvernent habituent la population à la surveillance de masse et prennent soin de favoriser « son acceptabilité sociale ».
Avoir le consentement de la population, cela simplifie la tâche.
Jean-Michel MIS, député LRM de la Loire (transfuge du parti social-lisse) s’est vu confier une mission par Jean CASTEX, premier ministre.
Mission qui porte sur « l’utilisation des nouvelles technologies dans le domaine de la sécurité. »
L’intitulé du rapport est on ne peut plus explicite : « Pour un usage responsable et acceptable par la société des technologies de sécurité. »
Des esprits chagrins liront « technologies de surveillance. »
Dans son rapport (3), MIS propose de favoriser le recours aux technologies biométriques (dont la reconnaissance faciale) dans le cadre de grands évènements sportifs ou bien encore de rénover le cadre juridique des drones et des caméras embarquées qui a subi, en mai 2021, la censure du Conseil constitutionnel.
Il propose d’expérimenter rapidement ces nouvelles technologies qui pourraient "aider les forces de sécurité à faire face à ces nouvelles complexités."
Eh oui, y’ a pas qu’ les fichiers dans la vie !
Nul doute que le recours à ces technologies sera normalisé. D’ailleurs, le rapport précise : « De manière plus large, la question se pose d’une utilisation plus pérenne de nouvelles technologies en matière de sécurité. » Il ne reste plus qu’à les rendre acceptables, voir désirables, par nos concitoyen.ne.s.
Le gouvernement répète à l’envi l’obligation de nous protéger, en invoquant la sécurité.
La sécurité, c’est important et les autorités de Singapour l’ont bien compris.
L’île est dotée d’un grand nombre de caméras de surveillance et de lampadaires équipés de technologie de reconnaissance faciale, permettant aux autorités de suivre les mouvements des résidents.
« On n’arrête pas le progrès » comme chacun sait. Dans les rues de Singapour, des robots patrouilleurs détectent les « comportements sociaux indésirables ».
Être rappelé à l’ordre par une machine, ça fait rêver !
Au concept de sécurité, citoyens et citoyennes lambda doivent opposer au pouvoir celui de sûreté, à savoir le devoir qui revient à l’État de nous protéger contre ses propres abus.
Dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, la sûreté est la garantie dont dispose chaque être humain contre l’arbitraire du pouvoir (arrestation, emprisonnement, condamnation).
Ne jamais oublier que la première des sécurités, c’est la liberté !
Il est difficile de qualifier d’un mot l’époque actuelle. Ce mot est sans doute à inventer.
Les propos de Françoise GIROUD nous invitent à la réflexion : « Ainsi commence le fascisme, il ne dit jamais son nom : il rampe, il flotte ; quand il montre le bout de son nez, on dit : c’est lui ? Vous croyez ? Il ne faut rien exagérer ! Et puis un jour, on le prend dans la gueule, et il est trop tard pour l’expulser. »
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Une réponse sur « Liberté, qui pour écrire ton nom ? »
MERCI ! Excellente analyse. Je pense aussi qu'il n'y a pas que la Russie, la Corée du Nord, l'Iran, l'Arabie Saoudite, le Qatar, la Tchin'tchin, etc, etc... N'oublions pas évidement les US qui, bien que moins cités, sont très forts aussi (CIA, NSA, FBI). Notre souci, maintenant: comment inverser la tendance ? peut être à l'aide une pandémie sans pass, ne touchant que les hommes / Femmes politiques ?