Depuis quelques années les voitures électriques suscitent la critiques de la part d'une partie des militants écologistes. De nombreuses actions contre les usines fabriquant ces voitures ont été menées partout dans le monde. Depuis l'élection de Donald Trump et le salut nazi d'Elon Musk, celles-ci semblent de nouveau se multiplier. On revient sur ces actions en nous appuyant sur des articles de Reporterre et Contre Attaque.
Les voitures électriques, des véhicules polluants
Depuis quelques années on nous vante les voitures électriques comme des « véhicules propres » de part leur absence de rejet de CO2. Seulement derrière ce vernis écolo se cache d’autres formes de pollutions, comme l’utilisation du nucléaire qui à l’origine de déchets radioactifs, mais aussi l’exploitation de minerais, suscitant une vague d’oppositions écologistes.
La construction des voitures électriques consomme une très grande quantité de métaux. Lithium, aluminium, cuivre, cobalt… Le lithium par exemple, qui est aussi utilisé pour les ordinateurs et les téléphones, est utilisés pour fabriquer les batteries des voitures électriques. Une batterie de Renault Zoe peut contenir 8 kg de lithium, une Tesla 15 kg (contre 300 g pour un vélo électrique).
Or l’extraction de ces minerais, provoque une grande consommation d’eau. Sur le site d’Atacama, au Chili, les miniers prélèvent près de 200 millions de litres par jour, évaporant à grande allure les rares ressources en eau. À quoi s’ajoutent les traitements au chlore et la dispersion dans les eaux des déchets de pompage mêlés à des solvants, qui détruisent des micro-organismes.
En réalité, les technologies vertes ne sont pas vertes, parce qu’elles reposent sur l’industrie minière, réputée la plus polluante au monde.
Lire : https://reporterre.net/La-voiture-electrique-cause-une-enorme-pollution-miniere

« Comment justifier de détruire des territoires comme le bassin des Salinas Grandes et la lagune de Guayatayoc, occupés par quelque 7.000 habitants, 33 communautés autochtones et ethniques, et tout un mode de vie fondé sur la coresponsabilité et la démocratie directe, comment donc justifier cette destruction au nom de la lutte contre la pollution de l’air dans des villes, une contamination à laquelle ces communautés n’ont pris aucune part ? » (Roger Moreau, ancien militant du Larzac, installé depuis quelques décennies dans la province de Jujuy, dans le nord de l’Argentine)
Reporterre, "La voiture électrique cause une énorme pollution minière"
Parrallèlement, le collectif lyonnais Génération Lumière appelle à signer la pétition Pour que l'Europe arrête de financer la guerre en République démocratique du Congo (explications complémentaires sur le site Reporterre).
Des riques d'incendies
Les batteries de lithium sont également dangereuses lorsqu’elles s’embrasent. Le lithium est très réactif. Si l’embrasement d’une voiture électrique est moins fréquent que celui d’une voiture thermique, son extinction sera plus longue (2 h 30 en moyenne, au lieu de 28 minutes) et plus difficile, le feu pouvant reprendre plusieurs heures après une première extinction. Le cauchemar des pompiers.
En 10 ans les incendies liés aux batteries au lithium ont bondi de 150%. À New York, entre 2020 et 2022, les feux liés aux batteries Li-ion y ont été multipliés par quatre (passant de 44 à 220). En 2023, 268 incendies de ce type ont tué 18 New-Yorkais et blessé 150 autres.
Les accidents en début de chaîne existent aussi, en juin 2024, une explosion dans une usine de fabrication de batteries au lithium en Corée du Sud a fait vingt-deux morts. Le bâtiment abritait quelque 35 000 batteries (le parisien).

En France, plusieurs entrepôts sont également partis en fumée dans un immense panache noir, à Grand-Couronne (Seine-Maritime), à Viviez (Aveyron) ou encore à Saint-Consorce (Rhône), à la suite de l’embrasement de batteries.
Lire : https://reporterre.net/Cauchemar-des-pompiers-les-incendies-de-batteries-lithium-ion-se-multiplient
Plusieurs dizaines de projets de giga-usines de batteries au lithium ont éclos partout en Europe : en Allemagne, Norvège, Suède, Autriche… Et au moins quatre en France, à Douvrin, Dunkerque, Douai (Nord) et Mulhouse (Haut-Rhin).
D’ici 2027, Macron a promis que la France produirait un million de voitures électriques par an.

La résistance contre ces usines se construit elle aussi.
Une grosse mobilisation contre la Gigafactory en Allemagne
Cette usine, inaugurée en 2022, avait provoqué des mobilisations écologistes et des riverains avant même son ouverture. Tesla compte agrandir le site pour doubler la capacité de production, pour un objectif de 500.000 véhicules par an. Une gigafactory, s’étendant sur plus de 300 hectares, la seule en Europe. Les habitants ont voté contre cette extension et des écologistes ont occupé le bois menacé par ce projet.

En mars 2024, l’incendie d’un pylône électrique près de cette usine a coupé le courant et provoqué l’arrêt de la production pour plusieurs jours. Une action de sabotage politique contre la gigafactory. En mai 2024, des centaines de manifestants ont aussi tenté de prendre d’assaut la «gigafactory».
Les gigafactories de batteries électriques se multiplient aussi en France dans le Nord. À Maubeuge, un projet soulève la résistance.

Depuis l’élection de Trump les voitures Tesla prises pour cibles
Le 22 janvier au soir près de Berlin, une action a été organisée contre Elon Musk par les collectifs Led By Donkeys Zentrum für Politische Schönheit : une immense image a été projetée sur la «gigafactory» de Tesla en Allemagne. On y voit les mots « Heil Tesla » et la photo du milliardaire sur la façade de l’usine.
Actuellement on observe une multiplication des actions contre les voitures Tesla aux États-Unis, des voitures ont été dégradées en Floride, à Los Angeles. En France aussi, à Niort, un retraité de 76 ans a été interpellé le 20 janvier pour avoir vandalisé des véhicules Tesla. En garde à vue, le septuagénaire a expliqué qu’il « déteste Elon Musk et tout ce qu’il représente ».

Vers un mouvement mondial anti Tesla ?
D'après le media Contre Attaque, aux États-Unis de nombreux propriétaires de Tesla sur les réseaux sociaux promettent de ne plus en acheter. Certains ont même imprimé des autocollants « anti-Musk » pour se dissocier de l’image du milliardaire.
Une étude réalisée par le média néerlandais EenVandaag et relayée par le sit Auto Plus le 23 janvier révèle qu’un propriétaire de Tesla sur trois aux Pays-Bas envisage sérieusement de se débarrasser de son véhicule en raison des actes du patron de la firme. « Le lien entre Elon Musk et la marque commence à poser problème » explique Auto Plus. Un propriétaire néerlandais déclare « Elon Musk abuse de son pouvoir. Si j’avais su ce qu’il était devenu, je n’aurais jamais acheté une Tesla ».
De grosses mobilisations ont également lieu aux États-Unis depuis plusieurs mois contre l’investiture de Donald Trump. Une énorme marche des peuples a eu lieu le samedi 28 janvier à Washington, réunissant des dizaines de milliers de personnes.

Les voitures Tesla, des instruments de surveillance
Derrière les voitures électriques c’est aussi le projet des villes connectées qui se dessine progressivement.
Ses promoteurs ne cachent pas leur objectif de créer à terme des véhicules connectés et autonomes. Du fait de leur motorisation et de leurs batteries, les véhicules électriques favorisent la transition vers des véhicules sans conducteur, pilotés par des capteurs et des algorithmes, dont ils sont l’une des briques technologiques. Le regroupement d’entreprises (Uber, Engie, Blablacar…) a soumis au gouvernement ses propositions pour « réinventer la mobilité à l’horizon 2030 » allant dans ce sens.
Lire : https://reporterre.net/Derriere-la-voiture-electrique-l-empire-des-Gafam

« Les voitures produites sont des monstres d’acier réservés aux riches, bourrés de technologies de surveillance, filmant leur environnement en temps réel, et coûteux en métaux rares. Le dernier « monster truck » de Tesla est un véritable tank blindé aux formes géométriques, mesurant près de 6 mètres et pesant plus de 4 tonnes. Il nécessite un permis poids lourd et constitue un danger pour les passants et les cyclistes » (Contre Attaque).
Les voitures Tesla d’Elon Musk disposent d’un « Mode sentinel », une « fonctionnalité qui permet de surveiller les activités autour de votre véhicule Tesla lorsqu’il est stationné et verrouillé. Lorsqu’un mouvement suspect est détecté, votre véhicule réagit en fonction de la gravité de la menace » vante la firme (1).
Cela veut dire que toutes les Tesla qui circulent partout dans le monde enregistrent l’espace public en permanence et stockent ces images dans des bases de donnée privées, au détriment de la liberté de chacun-e à ne pas être filmé à son insu. Un flicage de masse : chacun de ces véhicule est un mouchard qui s’ajoutent aux caméras de surveillances urbaines et autres moyens de contrôle. Une autre raison pour lutter contre ces voitures.
Continuons la résistance.

Notes
(1) En aout 2024 à Ferentinon en Italie, un soixantenaire qui avait rayé la carrosserie d’une Tesla avec un clou avait été identifié à cause des caméras de surveillance de la Tesla. Même chose pour le manifestant nantais : filmé et condamné... Prudence est mère de sûreté.