Fragilité mise en évidence par la panne subie par l'Ibèrie (Espagne et Portugal)
Chaque pays doit tirer les leçons de cet événement majeur pour son modèle de société. La France qualifiée de "Startup nation" ne doit pas s'exclure de ce type d'interrogations.
Pièces et main d'oeuvre fait le lien entre cette panne, le centenaire de l’Exposition internationale de la Houille blanche de 1925 et les préoccupations environnementales en invoquant "La Sorcière Electricité" [1] à laquelle le marché de l'automobile fait allégeance.
"L’occasion pour le lobby de l’hydroélectricité de pousser la filière, au motif que cette énergie « propre et renouvelable » résoudrait la catastrophe écologique. Il n’y a pas d’énergie propre et en cent ans les glaciers ont fondu."
Quelques évidences sur les limites du système sont aussi rappelés avec bon sens : "la croissance infinie est impossible dans un monde fini. Les lois physiques, notamment celle de l’entropie, produisent déjà leurs effets sur le milieu naturel dont dépend notre survie. Les ignorer relève de l’obscurantisme, de la folie suicidaire, et ni « l’électrification des usages », ni l’« intelligence » artificielle n’y changeront rien".
Dans son article intitulé Blackout ibérique : la fragilité électrique d’une Europe sous tension [2], la rédaction d'Up magazine précise que "La panne d’électricité géante a exposé, en quelques minutes, la vulnérabilité d’infrastructures que l’on croyait sûres et résilientes".
L'article évoque ensuite "aucune preuve n’a été identifiée indiquant une cyberattaque", cependant "les réseaux électriques modernes, en quête d’efficacité, sont de plus en plus connectés, numérisés, et donc vulnérables aux intrusions. Un effondrement aussi rapide, aussi généralisé, soulève des questions sur la solidité des dispositifs de surveillance et de protection contre des actes malveillants."
Au delà de la cause de cette méga-panne, cela aura-t-il permis une prise de conscience de la fragilité du monde hyper-numérisé qui se renforce jour après jour ? "Les citoyens, rivés à leurs téléphones déchargés, ont compris à quel point leur quotidien dépend d’un flux invisible et continu d’énergie."
Mais, l'article axe tout son argumentaire pour appeler à une "sécurisation des infrastructures critiques", sans remettre en cause ce modèle de société hyper-connectée.
Equinoxe magazine évoque la dépendance des centres de données (data centers) à l'alimentation électrique [3] alors que ces infrastructures sont justement conçus pour faire face à une panne électrique avec des systèmes d'onduleurs, de générateurs...
"À l’heure où le pays aspire à devenir un hub européen des data centers, l’incident sonne comme un avertissement…", alors que l'inconvénient majeur touche plus profondément les utilisateurs tant du côté des organismes (entreprises, administrations) que des particuliers qui ne disposent pas d'alternatives pour alimenter leurs appareils à l'exception des équipements portables, mais ceux-ci n'ont qu'une autonomie limitée et ne sont opérationnels qu'avec le maintien en fonctionnement des équipements réseaux permettant d'accéder à internet (routeurs, relais, antennes...).
D'ailleurs, l'"effondrement inédit des connexions et des débits dans les deux pays" est analysé par le site servicesmobiles [4], le nombre d'"utilisateurs espagnols bénéficiaient encore d’une connexion solide" a chuté à 50% après 3 heures de panne, en conclusion "la panne aura agi comme un révélateur impitoyable des failles persistantes en matière d’infrastructures numériques".
Enfin, Challenge Maroc évoque "le testeur qui révèle la fragilité d’un monde ultra-connecté" [5] en faisant reférence au roman « Black Out » de Marc Elsberg [6] mais incite à plus de cybersécurité, pour poursuivre la fuite en avant du toujours plus de numérique à travers les recommandations d'un expert IT. "Il ne s’agit plus seulement de protéger des systèmes informatiques, mais bien de sécuriser des actifs critiques au cœur même du fonctionnement des services publics, des entreprises ou des collectivités."
Halte au contrôle numérique revendique, pour assurer la résillience des services, la mise en place ou le maintien d'alternatives non numériques en particulier sur les services essentiels.
Références
[1] https://www.piecesetmaindoeuvre.com/necrotechnologies/la-sorciere-electricite-un-siecle-de-malefices
[3] https://www.equinoxmagazine.fr/2025/04/30/panne-electrique-data-centers/