Y aura-t-il des smarphones à noël ?

Si on vous offre un smartphone à noël, vous pouvez le refuser, ou "l'exploser", comme les membres du Luddite Club, de Brooklyn à New York. Fondé en 2021 par deux ados, Lola et Logan, il a été baptisé en l'honneur de l'ouvrier anglais Ned Ludd à l'origine du Luddisme, le mouvement des "casseurs de machines" au 19ème siècle en Angleterre. Lola est passée au téléphone à clapet. Et le soulagement s'est fait immédiatement sentir : "tous ces moments où j'aurais normalement dégainé mon téléphone par réflexe — dans le métro, la file d'attente des magasins, dans la salle de bain — sont maintenant des moments de silence. Pour certaines personnes, cela pourrait devenir un problème. Ce n'est pas rien, d'être seul avec ses pensées, et je sais que ça peut être dur. Mais c'est aussi une chose vraiment merveilleuse à pratiquer et à apprendre." 

La guerre de l'attention

Selon un sondage, un peu plus de la moitié des enfants américains possèdent désormais un smartphone à l'âge de 11 ans. En outre, 84 % des adolescents ont leur propre smartphone, auquel 50% des jeunes s'estiment accros, avec tous les désagréments que cela entraîne, entre troubles anxieux et parfois même dépression. D'après un rapport d'Ofcom, régulateur des médias au Royaume-Uni, 16 % des enfants âgés de 3 et 4 ans utiliseraient déjà TikTok, un pourcentage qui monte à 33 % chez les 5 à 7 ans, et à 60 % chez ceux de âgés de 8 à 11 ans. Tous ces enfants sont victimes d'industriels qui choisissent délibérément de fabriquer une addiction.

Une chercheuse américaine liste diverses pistes pour aider à une déconnexion salutaire.

Le collectif "Lève les yeux", qui a fait paraître un ouvrage sur "La guerre de l'attention, comment ne pas la perdre", a aussi participé au sein du collectif Attention à l'organisation des "assises de l'attention" en mars 2022. Les thématiques envisagées (Comment protéger les jeunes face aux réseaux sociaux ? Le numérique : allié ou ennemi de la transition écologique ? Quelles politiques pour une planète menacée par le numérique ?) allient nécessité d'une protection des jeunes et choix sociétaux en faveur d'une transition écologique.

Un smartphone ça pollue

Si vous cédez au poison du smarphone, il vous faut connaître le niveau de pollution généré (comme montré dans le documentaire "Les petits secrets...". Pour son usage, avec des data centers : actuellement plus de 250 en France, qui consomment à eux seuls deux fois plus d'énergie que tout l'éclairage urbain du pays. Mais aussi pour sa fabrication, laquelle entraîne l'exploitation d'enfants pour récolter le cobalt (plus de 40.000 d'après Amnesty), et des impacts considérables sur la nature lors de l'extraction du nickel (en Nouvelle-Calédonie), du lithium (bientôt exploité dans l'Allier)...

Et son recyclage se révèle lui aussi particulièrement dangereux pour les ouvriers, les voisins (en Belgique, au Ghana...).

Peut-on obtenir un smartphone moins polluant ? Le Fairphone néerlandais (testé par Utopia.de), ou les Shiftphones allemands y prétendent, surtout en privilégiant la réparabilité, avec une structure modulaire qui permet le remplacement des pièces défectueuses. Ils cherchent aussi à utiliser des matériaux moins dangereux et toxiques, et sont fabriqués à partir d'un maximum de ressources recyclées et renouvelables, pour des résultats modestes mais quand même vérifiables :

Empreinte carbone de la fabrication de certaines marques et modèles de téléphones intelligents. Le transport, l’utilisation et les étapes de fin de vie ne sont pas inclus dans l’évaluation (Luciano Rodrigues Viana)

Un smartphone ça vous piste

Le téléphone mobile est, plus encore que les autres appareils numériques (hormis les objets connectés...), piratable, pistable, de tous côtés même. Son système d'exploitation, Android, permet à son concepteur, Google, toutes les collectes, et la plupart des applis sont conçues ... pour approvisionner le marché des courtiers en données ! Une étude de l'application de Météo France montre les différents mécanismes techniques de cette collecte de masse.

Exodus Privacy, une application développée par une association française d'hacktivistes, permet d'identifier, pour chaque appli, les pisteurs et les permissions. Limite : cette application ne vous permet pas directement de supprimer ou verrouiller les liens (sans doute pour un problème juridique). L'association propose ainsi un kit pédagogique pour organiser des formations visant à mieux protéger sa vie privée sur son smartphone.

Par contre, une autre application, DuckDuckGo, qui prétend filtrer les connexions qui font remonter des informations personnelles pour le suivi publicitaire ... se révèle en lien avec Microsoft.

Des applications sans pisteurs sont installables par F-Droid, dont une pour les prévisions météo (qui utilise des données ... de Météo France), Geometric Weather.

Des guides d'autodéfense contre la surveillance par le biais des smartphones sont aussi disponibles, comme ici ou ici, qui peuvent donner accès à des outils spécifiques

Mais on peut aussi retourner ce pistage contre ses auteurs : ainsi, Simon Weckert s'aide d'un chariot de smartphones pour simuler un embouteillage sur Google Maps dans une rue de Berlin

Un smartphone peut attenter à votre santé ... gravement

Pour les enfants, Family Ondes démontre, dans un dossier exhaustif, tous les dangers liés aux ondes qui, bien évidemment, n'épargnent pas les adultes (voir leur questionnaire EHSI). Celui-ci vend même des oreillettes stéthoscopiques anti-ondes (équipées de tubes à air qui transmettent le son par vibration).

Les normes DAS (débit d'absorption spécifique), censées protéger l'utilisateur, ne sont pas respectées par les fabricants, comme le documente en France le site Alerte Phonegate

Interview de Marc Arazi (Alerte phonegate) dans "Complément d'enquête : l'onde d'un doute"

Alors, toujours prêt·e ?

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