Une émission de France Inter (Secrets d'info du 2 décembre) a traité de l'excès de puissance de l’iPhone 12 (que l'Agence nationale des fréquences a interdit - très temporairement - à la vente en septembre) et de 44 autres smartphones depuis 2017.
Cette émission (audio ci-dessous) est l'occasion d'une information assez complète sur la pollution aux ondes électromagnétiques générée par ces smartphones.
Elle a mobilisé divers témoignages :
- Docteure Devra Davis, épidémiologiste et toxicologue, présidente d' Environmental Health Trust , laquelle souligne que "lorsque les téléphones portables sont testés dans des positions de contact corporel, ils peuvent émettre des niveaux de rayonnement qui dépassent jusqu'à 11 fois les limites d'exposition aux rayonnements de la FCC [Federal Communications Commission, USA]". Pour elle, cela peut provoquer une augmentation du stress oxydatif , des dommages génétiques, des changements structurels et fonctionnels du système reproducteur , des déficits de mémoire, des problèmes de comportement et des impacts neurologiques. Ces rayonnements de radiofréquences (RFR) peuvent être considérés comme cancérogènes.
- Docteure Linda Birnbaum, toxicologue et microbiologiste, ancienne directrice du National Institute for Environmental Health Sciences et de l'American National Toxicology Program (ANTP). Elle s'élève face aux déclarations de Rodney Croft, président de l'ICNIRP, qui suggère que l'étude de l'ANTP "n’a pas pris en compte le hasard". Pour elle, "notre étude est bien étayée par les statistiques. Je me demande vraiment s’il a lu l’étude en détail".
- Olivier Merckel, responsable de l'unité d'évaluation des risques à l'ANSES : "Pour nous, il y a suffisamment d'indices pour dire soyez prudent, car effectivement, nous ne sommes pas sûrs qu’il n’y ait aucun effet."
- Docteur Marc Arazi, président de l'ONG Alerte Phonegate : sur l'affaire de l'IPhone 12, "les mises à jour de DAS autorisées par l’ANFR sont une double peine pour des millions d’utilisateurs de smartphones. En effet, après avoir été surexposés, la performance de connectivité de leur portable baisse. Pourquoi et comment la France autorise un tel cadeau fait aux fabricants ?"
- Maître Vincent Corneloup, avocat spécialisé en droit public : "En matière environnementale, il y a malheureusement encore une très forte réticence de l'Etat, mais aussi des juges administratifs à mettre en avant le principe de précaution."
- Clément Goutelle, journaliste spécialisé au Progrès et co-fondateur de La Brèche [NDLR : au delà de son témoignage, c'est lui qui a interviewé Marc Arazi] : les recommandations de l'ICNIRP "qui ont été reprises mondialement, ont été établies sans considération d'effets biologiques".
L'enjeu des mesures DAS
D'après l'ANFR, le DAS (débit d’absorption spécifique) mesure la partie de l’énergie transportée par les ondes électromagnétiques qui est absorbée par le corps humain. Il concerne toutes les ondes comprises entre 100 kHz et 10 GHz. Il s’exprime en Watt par kilogramme (W/kg).
Elle distingue :
- le "DAS tête" : qui reflète l’usage du téléphone à l’oreille, en conversation vocale, au contact de l’oreille, à droite et à gauche (norme NF EN 50360, valeur limite 2 W/kg).
- le "DAS tronc" : port près du tronc, par exemple dans une poche de veste ou dans un sac, entre 0 mm et 5 mm maximum (NF EN 50566, valeur limite 2 W/kg).
- le "DAS membre" : plaqué contre un membre, par exemple tenu à la main, porté dans un brassard ou dans une poche de pantalon (NF EN 50566, valeur limite 4 W/kg).
Critique du DAS
Alerte Phonegate estime que la manière de mesurer le DAS n’est pas satisfaisante et donne une perception trompeuse à des milliards d’utilisateurs / consommateurs. "Celui-ci est mesuré sur 1g (Amérique du Nord) ou 10g (Europe) d’équivalent de tissu humain, en fonction des zones géographiques, entraînant des différences de mesures d’expositions importantes. Ainsi le DAS tête et le DAS tronc augmente d’un facteur compris entre 2 et 3 pour un mobile vendu en Europe et dans une centaine d’autres pays".
De plus, les mesures ne sont pas toujours effectuées à même la peau, parfois à 5mm voire plus, ce qui ne correspond pas aux conditions d’utilisation réelles d’un téléphone portable. L’ANSES en 2019 a recommandé dans son rapport "Phonegate" une mesure du DAS tronc (poche de la chemise) à zéro millimètre de la peau. La France a déposé une objection formelle auprès de la Commission européenne en septembre 2020. Mais les mesures se font toujours à cinq millimètres en Europe et entre 10 et 15 millimètres en Amérique du Nord. Apple a décidé de mesurer le DAS tronc partout dans le monde à 5 millimètres.
Alerte phonegate fournit un calculateur DAS "réel" qui tient compte des recommandations faites par l’ANSES et de la règle de mesure spécifique d'Apple.
Une réponse sur « iPhone 12 et autres smartphones qui nous surexposent... »
[…] très prometteuses pour des actions judiciaires hors Linky, face à la pollution des antennes, des smartphones […]