Le gouvernement a décidé d’une augmentation de 10 % des tarifs réglementés de l’électricité au 1er août 2023. Au creux de l'été, alors qu'on nous amuse avec le changement de ministres toujours plus transparents...
En prime, le gouvernement vient d’annoncer la suppression progressive du bouclier tarifaire pour l’électricité d’ici à fin 2024 !
Ce prix (mais aussi de facto toutes les offres qui y sont indexées) aura donc augmenté de 26,5 % en base annuelle. En réalité, si on reprend le profil-type de consommation retenu par la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE), c’est une hausse de 425 euros qui sera subie en moyenne par les consommateurs. Et pour ceux logés dans des passoires thermiques, cette hausse pourrait dépasser les 1000 euros.
Après l’extinction du bouclier tarifaire sur le gaz fin juin (et la fin des tarifs réglementés du gaz au 1e juillet), c’est donc un coup de massue qui va s’abattre sur les ménages et les petites entreprises, et qui se sentira surtout dès l’arrivée des premiers frimas…
Pourtant, les fournisseurs d’énergie se sont gavés dans la période. En avril, Total Energies annonçait une hausse de 12 % de ses bénéfices, après une hausse de 28 % en 2022… En plus, par un dispositif particulièrement tordu, l’ARENH [1], l’État a organisé le pillage d’EDF au profit de quelques groupes privés qui leur permettait de se fournir chez EDF à un prix de 46,20 € le MWh, quand le cours sur le marché de gros dépassait les 500 voire les 800 €. Avec l’absurdité pour une EDF qui a dû combler son manque de production (au moment où près de la moitié de ses centrales nucléaires étaient en réparation) en rachetant de l’électricité au prix moyen de 256 € ! Un rapport sénatorial de début juillet estime d’ailleurs que 72 fournisseurs sur 100 ont abusé de l’ARENH.
"Contrairement à ce que nous soutenait Agnès Pannier-Runacher (ministre de la transition énergétique), qui nous assurait que le dispositif était au seul service des consommateurs, il y a bien eu de l’achat et de la revente d’Arenh, de la spéculation, des enrichissements sans cause", insiste Fabien Gay, sénateur PC. Or il n’y a pas d’argent magique : ce sont les consommateurs par leurs factures et les contribuables (plutôt les petits ! Les gros étant, grâce aux baisses d’impôts ciblées et à la fraude, beaucoup moins taxés) qui ont déjà payé et qui vont continuer…
Pillage et incompétence : aux côtés de la ministre, c’est la CRE qui est chargée de réguler ce marché. Elle était alors présidée par Jean-François Carenco, pendant quelques mois incompétent certifié ministre des outre-mer et débarqué cet été, remplacé par un autre disqualifié dès le départ …
C’est cette même Commission de Régulation de l'Énergie (CRE) qui voudrait taxer les usagers sans Linky à partir de 2025. Une délibération de cette agence gouvernementale du 17 mars dernier veut instituer une "composante de comptage spécifique à la relève résiduelle", qui reviendrait à les taxer d'un montant de 49,80 € par an à compter de janvier 2025. Une action nationale est engagée auprès du Conseil d'Etat car nous considérons, avec notre avocat Me Boda, cette mesure comme étant discriminatoire et en contradiction avec les principes mêmes du service public.
Nous nous associerons à toute action collective engagée contre la hausse tarifaire pour l’électricité (et contre la dérégulation totale du marché du gaz).
[1] ARENH : Accès Régulé à l’Electricité Nucléaire Historique. Ce dispositif, mis en place "pour favoriser la concurrence", consiste à revendre à - très - bas coût une partie (pas loin du tiers !) de l'énergie nucléaire produite par EDF à ses concurrents. Ce système était censé favoriser leur entrée sur le marché avant qu'ils ne se mettent à produire eux-même (notamment de l'énergie renouvelable). Sauf qu'ils ne produisent toujours pas (pour 80% d'entre eux) et se contentent de ramasser les gros bénéfices !