Touche pas à ma poste! Lyonnais.es mobilisé.es contre la fermeture des bureaux de poste

9 octobre 1874 : l’Union postale universelle est créée à Berne, en Suisse. 9 octobre 2024 : 150 ans plus tard, alors que le 9 octobre est devenu la journée mondiale de la poste, des Lyonnais.es se rassemblent contre la fermeture d’un bureau de poste, celui du 15 ter, rue du Dauphiné (Lyon 3e). Une manifestation inscrite dans un mouvement local qui a pris de l’ampleur ces dernières années, face à la fermeture des bureaux.

Des fermetures à la chaîne

Une véritable hécatombe, car cette fermeture s’inscrit dans le prolongement d’un mouvement inquiétant d’extinction de bureaux de postes à Lyon. En l’espace de quatre ans, quatre bureaux ont déjà fermé : Saint-Just (Lyon 5e), Ampère (Lyon 2e), Vaise (Lyon 9e) et place Joannes-Ambre (Lyon 4e). La fermeture du bureau Jean Macé (Lyon 7e) d’ici le 31 octobre 2024 a été actée par le groupe. Deux autres fermetures sont annoncées d’ici 2026 : l'agence de Foch dans le 6e arrondissement et celle de rue du Dauphiné dans le 3e. Si ce programme allait à son terme, Lyon aurait perdu près d'un quart de ses bureaux de poste entre 2020 et 2026. Un constat qui a amené le maire, Grégory Doucet, à écrire au PDG du groupe pour lui demander une rencontre, programmée pour fin octobre, alors que l’annonce gouvernementale d’une coupe budgétaire de 50 millions d’euros pour La Poste pour l’année 2025 n’est pas pour rassurer.

Les habitant.es se mobilisent pour le maintien du service public postal

Les Lyonnais.es n’en sont pas à leur première mobilisation. Samedi 14 septembre, une manifestation s’était déroulée pour protester contre la fermeture du bureau Jean Macé (7e arr.). Quelques jours plus tôt, le 10 septembre, une pétition avait été lancée pour un « Oui au maintien d'un service public postal de proximité sur le 7e arrondissement de Lyon ! ». Samedi 5 octobre, un rassemblement était organisé place Antonin Poncet (Lyon 2e) « pour dire stop aux fermetures de bureaux de poste et pour défendre les services publics ».

La direction régionale du groupe La Poste justifie cette politique de fermetures par le fait que les habitudes de consommation de services bancaires et postaux des Français.es « ont profondément changé » (cité dans Le Progrès, 10 octobre 2024). Les personnes mobilisées dénoncent quant à elles un discours bien rôdé de justification de la destruction des services publics de proximité : après avoir rendu le service inadapté aux besoins des usager.es en diminuant le nombre d’employé.es et en limitant les horaires d’ouverture, on argue d’une moindre fréquentation pour fermer les structures. Les paroles des personnes mobilisées contrastent avec la vision du groupe La Poste et révèlent l’attachement ce service public de proximité essentiel pour nombre d’habitant.es, à commencer par les moins mobiles. La création d'un collectif d’usager.es et d’habitant.es est annoncée.

Une stratégie nationale de numérisation et de destruction des services de proximité

Au-delà de la situation lyonnaise, c’est la stratégie du groupe La Poste à l’échelle nationale qui doit être interrogée. Depuis les années 2010, dans un contexte d'ouverture à la concurrence, elle est centrée sur la numérisation des services, la destruction d’un grand nombre de bureaux - en ville comme dans le monde rural - la suppression d’un grand nombre de boîtes jaunes (-30% en 10 ans selon Sud-PTT) et la hausse des tarifs d’affranchissement (+33% en 3 ans pour le timbre rouge, selon le même syndicat). La "modernisation" par la "transition numérique" et l'accélération de cette transition sont au coeur de la stratégie du groupe.

Et à Saint-Etienne ?

Saint-Etienne n’est pas en reste. De nombreux bureaux y ont déjà fermé ces dernières années : Côte-Chaude, Solaure, Monthieu, Montplaisir, Beaulieu, Hôtel de ville, Préfecture, Fourneyron et La Métare. Début 2024, des syndicats ont fait part du projet de la direction de fermer les bureaux Wilson et Richelandière, à brève échéance. Alors que Saint-Étienne comptait 20 bureaux de poste il y a 6 ans, la ville n’en compte plus que 14, nombre qui se réduirait à 12 si les bureaux de Wilson et de La Richelandière étaient fermés. Syndicats, conseillers municipaux et usager.es s’opposent à ces fermetures. Une pétition lancée par la CGT FAPT Loire, ouverte à signatures en avril, compte plus de 1000 signataires à ce jour.

Coïncidence? Vendredi 11 octobre, le parquet de Lyon déclarait qu'une information judiciaire était ouverte pour homicide involontaire aggravé après deux suicides et une tentative de suicide d’employé.es de La Poste en région lyonnaise, en 2017 et 2018. Alors que la dégradation des conditions de travail des salarié.es de La Poste se fait de plus en plus flagrante, l’alliance entre salarié.es, usager.es et élu.es des collectivités locales apparaît comme une voie nécessaire, partout en France, pour défendre notre service public postal de qualité et de proximité.