TikTok, le réseau social chinois captive particulièrement les enfants et adolescent·es qui, d'après une étude mondiale de Qustodio sur 2022 , y passeraient en moyenne 1 h 47 min par jour à zapper entre des vidéos suggérées sur cette plateforme. Au delà de l'addiction, un rapport américain (déc 2022) dénonce la promotion de vidéos relatives à l’automutilation, aux troubles alimentaires...
Amnesty International (qui propose la signature d'une pétition jusqu'au 30 avril 2024) a particulièrement étudié le fil "Pour toi" de TikTok. En l’espace de 20 minutes, voire moins, des comptes d’adolescent·es qui avaient signalé leur intérêt pour des contenus liés à la santé mentale se voyaient pour la plupart proposer des vidéos liées à la dépression et à l’automutilation.
Mais TikTok n'est pas le seul dans ce cas : Snapchat, Instagram, Facebook ... sont incriminés pour des effets similaires devant le Sénat américain (ci-dessous reportage du 1e février sur Arte).
La conclusion provisoire de ce reportage est de constater l'actuelle impossibilité de poursuivre les propriétaires de ces réseaux devant la justice. Une loi future est évoquée pour les USA, quid de la France et de l'Europe ? Qui permettrait à Amnesty de proposer autre chose qu'une maigre pétition ?
Cependant, dans le cadre du droit actuel, une avocate française, Me Laure Boutron-Marmion, porte plainte contre TikTok pour la famille de Marie, adolescente qui s'est suicidée en 2021 car l'algorithme de ce réseau social "a généré un contenu dépressif" qui l'a poussé au passage à l'acte. C'est la première fois, en France, qu'une plainte est déposée contre un réseau social.
Par ailleurs, le modèle de Tiktok repose sur la collecte d’énormes quantités de données personnelles relatives au comportement de chaque utilisateur et utilisatrice. L’association Exodus Privacy, qui analyse de façon indépendante les applications, note que TikTok demande un grand nombre de permissions à l’utilisateur pour accéder au micro, aux contacts, à la caméra, au stockage ou aux données de géolocalisation, soit plus de 76 permissions sous Android (Instagram en est à 46, comme Twitter, Snapchat en demande soixante...). Or les politiques de protection des données des enfants sont variables d’un pays à l'autre. Ceux vivant dans des pays où la législation sur la collecte des données personnelle est faible subissent les pires préjudices.
Cette application représentait (d'après Libération du 1e mars 2023) 1,7 milliard d’utilisateurs actifs dans le monde en 2022, 150 millions en Europe et près de 9 millions en France : des chiffres qui ont très fortement augmentés pendant les confinements, mais qui n'en fait cependant pas la plus utilisée (loin derrière Facebook, Youtube, Whatsapp et Instagram).
Tous confondus (d'après l'étude publiée sur le site BDM le 4 août 2023), ces réseaux sociaux ont l'audience la plus forte en Europe du nord et de l'ouest, nettement plus qu'en Amérique du nord et en Asie !
Amnesty a publié en novembre 2023 deux rapports sur TikTok suite à un sondage, réalisé avec 550 jeunes âgés de 13 à 24 ans vivant dans 45 pays, portant sur leur utilisation et leur perception des réseaux sociaux :
- « Poussé·e·s vers les ténèbres. Comment le fil "Pour toi" encourage l’automutilation et les idées suicidaires », qui cherche à analyser les atteintes dont sont victimes les enfants et les jeunes utilisant TikTok.
- « Je me sens vulnérable. Pris·e au piège de la surveillance intrinsèque à TikTok », pointe le modèle économique néfaste de la plateforme.
Une réponse sur « TikTok - et d'autres réseaux - dangereux pour les adolescent·es »
[…] le souligne La Quadrature du Net, il ne s’agit pas de défendre TikTok, plateforme dont la toxicité est avérée. Mais le pouvoir, aligné sur la position américaine (qui voudrait bien récupérer TikTok au […]