Il en rêvait, il l'a fait. Un article de Reporterre nous apprend que Laurent Wauquiez a fait voter jeudi 21 mars en Conseil régional, le déploiement de la vidéosurveillance algorithmique dans tous les lycées et trains d’Auvergne-Rhône-Alpes, profitant de l’expérimentation accordée aux Jeux olympiques de Paris.
Actuellement 129 gares seraient surveillées par 2 300 caméras, dont les images sont visionnées en temps réel au CRST. 285 lycées, 750 cars et la totalité des rames ferroviaires seraient également équipés.
Selon la délibération votée par le Conseil régional, l'équipement de ces caméras avec la vidéosurveillance automatisée pourra détecter huit types d’événements prédéterminés : "le non-respect du sens de circulation, le franchissement d’une zone interdite, la présence ou l’utilisation d’une arme, un départ de feu, un mouvement de foule, une personne au sol, une densité trop importante, un colis abandonné." Les événements seront ensuite vérifiés par un agent, qui décidera des mesures à prendre.
L’exécutif régional promet d’utiliser cette vidéosurveillance algorithmique "sans mettre en œuvre de reconnaissance faciale, ni d’identification de données biométriques [qui permettent d’identifier une personne]." Cependant, comme l’a très bien démontré la Quadrature du Net, la VSA implique nécessairement une identification biométrique.
La VSA et la reconnaissance faciale reposent sur les mêmes algorithmes d’analyse d’images, la seule différence est que la première isole et reconnaît des corps, des mouvements ou des objets, lorsque la seconde détecte un visage.
La VSA est capable de s’intéresser à des "événements" (déplacements rapides, altercations, immobilité prolongée) ou aux traits distinctifs des personnes : une silhouette, un habillement, une démarche, grâce à quoi ils peuvent isoler une personne au sein d’une foule et la suivre tout le long de son déplacement dans la ville. La VSA identifie et analyse donc en permanence des données biométriques.
"En réalité, l’algorithme identifie des actions qui peuvent être rattachées à son auteur" (Marne Strazielle, directrice de la communication de La Quadrature du net.)
Ce sont généralement les mêmes entreprises qui développent ces deux technologies. Par exemple, la start-up française Two-I s’est d’abord lancé dans la détection d’émotion, a voulu la tester dans les tramways niçois, avant d’expérimenter la reconnaissance faciale sur des supporters de football à Metz. Finalement, l’entreprise semble se concentrer sur la VSA et en vendre à plusieurs communes de France. La VSA est une technologie biométrique intrinsèquement dangereuse, l’accepter c’est ouvrir la voie aux pires outils de surveillance.
"Loi J.O. : refusons la surveillance biométrique", La Quadrature du Net
Cela fait longtemps que M. Wauquiez projette d'équiper massivement cars scolaires et inter-urbains, gares et TER d'Auvergne-Rhône-Alpes en caméras et de connecter le tout à la reconnaissance faciale.
En juin 2023, nous avions déjà sorti un article sur le sujet, au moment de la signature d'une convention entre la région Auvergne Rhône Alpes, le préfet et la SNCF, autorisant le transfert aux forces de sécurité, des images des caméras de vidéosurveillance de 129 gares sur les quelque 350 que compte la région AURA.
Depuis fin 2023, il demande également d'utiliser à titre expérimental des "logiciels de reconnaissance faciale" aux abords des lycées pour pouvoir identifier des personnes "suivies pour radicalisation terroriste".
Une mesure qui a déjà été reconnue comme illégale par la justice, comme l'a rappelé le media Reporterre. En 2019 un projet de mise en place de portiques de reconnaissance faciale à l'entrée de lycées à Nice et Marseille avait été contesté par La Quadrature du net et la LDH. La Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), qui avait déjà formulé des recommandations, a rendu à l'époque un avis qui jugeait le dispositif pas nécessaire et disproportionné.
Mais cela qui n'arrêtera Laurent Wauquiez, celui-ci a déclaré qu'il allait demander au Premier ministre, Gabriel Attal, la permission d’élargir la loi pour couvrir les lycées et les transports régionaux...
La CNIL, qui n’a pas été consultée par l’équipe de Laurent Wauquiez, a rappelé à Reporterre sa position de principe, qui "considère que la mise en œuvre de caméras augmentées conduit fréquemment à limiter les droits des personnes filmées".
Pour elle, "le déploiement de ces dispositifs dans les espaces publics, où s’exercent de nombreuses libertés individuelles (liberté d’aller et venir, d’expression, de réunion, droit de manifester, liberté de culte, etc.), présente incontestablement des risques pour les droits et libertés fondamentaux des personnes et la préservation de leur anonymat".
Des dizaines d’organisations, parmi lesquelles Human Rights Watch, ont adressé une lettre publique aux députés, les alertant sur le fait que les nouvelles dispositions créent un précédent inquiétant de surveillance injustifiée et disproportionnée dans les espaces publics, et menacent les droits fondamentaux, tels que le droit à la vie privée, la liberté de réunion et d'association, et le droit à la non-discrimination.
Résistons à la VSA et à la technopolice !
Article repris
Sur Europe News - Info Libertaire
Sur le site d'Archyde (en anglais)
Autres sources
Reconnaissance faciale dans les lycées d'Auvergne-Rhône-Alpes ?
Vidéosurveillance "augmentée" dans 129 gares d'Auvergne-Rhône-Alpes
JO 2024 : "surveillance", médaille d'or assurée pour la France
Wauquiez, "ses" panneaux, "ses" investissements techno-sécuritaires
7 réponses sur « La région AURA vote le déploiement de la VSA dans les gares et les lycées »
[…] La région AURA vote le déploiement de la VSA dans les gares et les lycées (halteaucontrolenumerique.fr) […]
[…] en fait jusqu'au 31 mars 2025, donc bien après la fin des JO. Nous faisons aussi le lien avec le vote du 21 mars dernier en Conseil régional AURA (pour deux ans, donc jusqu'en mars 2026 !), de déployer la VRAIE reconnaissance faciale dans les […]
[…] en caméras. Il y a ajouté 750 cars scolaires et inter-urbains puis, par un vote au conseil régional le 21 mars 2024, il incorpore à ce dispositif 285 […]
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[…] lycées, et fait voter une délibération régionale en mars 2024 pour les faire basculer dans la reconnaissance faciale, imagine déjà que ce "bouclier" pourrait se développer ailleurs en Auvergne-Rhône-Alpes et en […]
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