L'association franco-congolaise Génération Lumière organise du 22 juin au 16 juillet 2024, une marche de Besançon au Parlement européen de Strasbourg pour lutter contre l'extractivisme et pour la reconnaissance de l’ampleur des crimes commis en RDC et dans le monde et la destruction des écosystèmes. Elle veut oeuvrer pour la convergence de l’écologie, de la justice sociale et de l’abolition des rapports coloniaux.
Une soirée de soutien est organisée à Lyon le 8 juin à l'Atelier des Canulars, 91 rue Montesquieu, Lyon 7e
Tribune : "C’est à celui qui est ivre de travailler sur sa sobriété"
Il est temps d’agir au cœur de l’Europe pour dénoncer les exactions commises à l’est du Congo, qui mettent au défi notre humanité et menacent nos écosystèmes. La région des Kivu est décimée depuis plus d’une vingtaine d’années par ce que de nombreux observateurs qualifient de génocide, pour tenter de décrire le massacre inouï qui se déroule à l’ombre de l’indignation internationale. Plus de 6 millions de morts, viols systématiques de femmes et d’enfants, des millions de déplacés. Voici le chaos permanent qui découle de la surconsommation de métaux par les économies des grandes puissances.
Nous marcherons pour porter la voix de la RDC, « maudite » par ses ressources qui attisent la prédation coloniale. Elle produit la majorité du cobalt mondial et se situe au 2e rang de la production du cuivre mondial ; elle détient également à elle seule 80 % des réserves de coltan et la septième plus grande réserve de lithium au monde. Autant de minerais essentiels pour soutenir un modèle économique fondé sur la croissance exponentielle du numérique et de la consommation électrique.
Nous marcherons pour dénoncer l’industrie extractive qui contribue fortement à la déstabilisation de cette zone, pille ses ressources et empoisonne les terres, les eaux et le vivant avec ses produits et déchets toxiques. Son emprise ne cesse de s’étendre dans nos vies, et ses besoins en ressources (eaux, énergies, etc.) de s’accroître. Les pertes subies par les citoyens de RDC sont irréversibles, en termes de vies humaines et de « patrimoine » naturel. Mais à une telle échelle, cette dévastation minière a des impacts planétaires : en RDC 500 000 hectares de forêt disparaissent chaque année, principalement pour les mines.
Nous marcherons pour construire un autre avenir que celui imposé par ces tueries industrialisées et cet écocide, en réclamant que tout acteur impliqué de quelque manière que ce soit cesse d’alimenter cette guerre, à commencer par l’UE qui a planifié une « transition énergétique » pétrie d’extractivisme colonial. Nous irons donc jusqu’au Parlement européen pour exiger qu’il se saisisse des résolutions suivantes :
- Revenir sur les lois votées au parlement concernant la mobilité, les énergies, l’électronique/le numérique, etc., qui nécessitent plus de minerais que l’humanité n’en a jamais consommés, entraînant l’intensification de la guerre et la destruction du vivant en RDC et ailleurs.
- Refondre les accords contestables « sur les chaînes de valeur durable pour les matières premières » avec notamment le régime rwandais, dont la responsabilité dans les guerres en RDC est à maintes reprises soulignée par l’ONU et par l’UE elle-même
- Contraindre chaque secteur d’activité engagé dans la transition écologique à évincer tout produit qui n’aurait pas comme conséquence le commun positif. Autrement dit, renoncer lorsque le processus de production n’est ni sobre sur le plan environnemental, ni respectueux des droits humains, ici ou en dehors de l’Union européenne.
- Créer un nouveau droit, le droit à réparer, celui qui permettra de faire drastiquement baisser la consommation de nouveaux appareils électriques et électroniques, pouvant être rendu effectif par l’instauration d’un indice minimum de réparabilité et de durabilité. Ainsi, chaque personne aura à sa disposition la possibilité de réparer soi-même ou dans des endroits communs de réappropriations, de réparation et de sociabilité, par exemple « les repair cafés ».
- En finir avec les accords commerciaux coloniaux qui conduisent à la destruction du vivant dans son ensemble, l’humain inclus, comme les « partenariats stratégiques pour les matières premières critiques » conclus depuis 2021 entre la Commission européenne et le Kazakhstan, la Namibie, la RDC, la Zambie, le Chili, le Groenland, le Rwanda, etc.
Nous marcherons pour rassembler les diasporas africaines, citoyens européens, camarades engagés pour la justice et l’environnement, et nous lever aujourd’hui pour une cause qui transcende les frontières et les différences : la lutte contre la surconsommation de métaux et l’extractivisme qu’elle engendre, ici et ailleurs. Cette transition passera enfin par la reconnaissance de l’ampleur des crimes commis en RDC et dans le monde, qu’ils relèvent d’un génocide ou de tout massacre caractérisé, la compensation pour les victimes de ces guerres et la destruction des écosystèmes, à la charge des entreprises et des acteurs qui s’en sont rendus coupables directement ou indirectement.
La transition écologique ne sera noble que si elle génère un changement radical de paradigme. Notre objectif est clair : insuffler un nouvel élan à la transition vers un monde où l’écologie, la justice sociale et l’abolition des rapports coloniaux ne font qu’un.
Cette marche n’est qu’un début. Au cours des mois à venir, nous intensifierons nos efforts de conscientisation et de mobilisation, ralliant des forces à travers l’Europe et le monde pour faire entendre notre voix. Seule une démarche inclusive globale peut apporter les changements nécessaires pour construire un avenir désirable.
Plus d’infos sur la campagne contre l’extractivisme
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2 réponses sur « Marche pour la paix en RDC et contre l’extractivisme »
[…] partout en France, a pu inspirer d’autres combats contre la 5G, contre les mines de lithium et autres matières premières très polluantes et fruits d’une exploitation éhontée… Ils s’inscrivent dans les techno-luttes dans lesquelles s’inscrit notre collectif depuis ses […]
[…] présentées des luttes ponctuelles, souvent locales (comme récemment à Grenoble, dans l'Allier, dans le Jura, à Rennes…) et d’autres de long court, dans un espace national. La plus emblématique est […]