Macron ou le coup d'état permanent

Après deux élections perdues (14,6 % seulement aux européennes, 21% au 1e tour des législatives et une perte de 80 députés - quand la gauche en a gagné 62), Macron prétend encore que "personne n'a gagné" et veut garder son 1e ministre, G. Attal, au mépris de toute logique démocratique.

Ajoutons que la trève olympique autodécrétée par le même (lequel a tenté - pour son confort personnel - une dissolution catastrophique pour son camp qui a paralysé le pays pendant plusieurs semaines) est risible et relève, après d'autres, de l'excès de pouvoir qu'il doit être possible de lui contester dans la rue.

Face à l'irresponsabilité macronienne ("je leur ai balancé ma grenade dégoupillée dans les jambes"), c'est le peuple qui a su se mobiliser pour faire barrage au RN. Là, il y a urgence pour que la démocratie passe enfin !

Le choix, par le Nouveau Front Populaire (NFP), de Lucie Castets comme future première ministre nous parait autrement prometteur pour l'avenir du pays. Hormis son profil classique mais solide de haute-fonctionnaire (sans "pantouflage" dans le privé, ce qui devient rare !), celle-ci est co-porte parole du site Nos services publics auquel nous nous référons souvent.

Lucie Castets

En effet, nous nous intéressons depuis 2022 à la numérisation de ces services publics, par exemple lors d'un débat que nous avons organisé avec Gilles Jeannot, co-auteur du livre La privatisation numérique. Déstabilisation et réinvention du service public.

Celui-ci montrait en quoi le numérique a été l'outil, pour les macronistes, d'une privatisation de fonctions essentielles, et le moyen de supprimer de nombreux budgets au détriment des citoyen.nes, notamment les plus pauvres, à la CAF, à France travail ex Pôle Emploi... avec l'explosion des non recours aux droits (voir Odenore), mais aussi dans l'Education (suppressions de places dans le supérieur planquées par Parcoursup), dans la santé ...

La vidéo ci-dessous (extrait d'un débat au titre prometteur McKinsey : l'État sous influence ?) permettait, en novembre 2022, à Lucie Castets et à Caroline Michel-Aguirre (co-autrice avec Matthieu Aron du livre Les Infiltrés - Comment les cabinets de conseil ont pris le contrôle de l'État), d'énoncer quelques constats sur la numérisation des services publics telle que menée par Macron et ses acolytes :

  • les compétences supprimées dans les services publics en matière d'informatique sont perdues définitivement (sauf réforme d’ampleur que pourrait mener la gauche).
  • l’externalisation dans des officines privées (cabinets de conseil type McKinsey plus entreprises privées pour les traitements des données, type Atos ou Microsoft...) coûte plus cher que les postes qui ont été supprimés (entre 1,5 et 3 milliards d’euros par an, d'après le livre Les infiltrés)
  • plus que 0,7 % d’informaticiens dans la fonction publique (sur 5 millions de fonctionnaires), l’État n’a plus d'agent.es disposant de compétences dans l’administration pour piloter les projets, assurer la maintenance…
  • il y a eu des échecs monumentaux lors de projets pilotés par le privé : Sirhen (Education Nationale, 400 millions d’€), Scribe (Police-justice 13,28 M€), Louvois (Défense)... Le privé n'est pas une garantie d'efficacité.

Ajoutons que les énormes fuites de données (dernièrement pour 43 millions d’allocataires de France Travail) sont directement liées à cette externalisation (avant cela, la gestion interne évitait le dépôt des bases de données dans des cloud piratables, les agent.es étaient assermenté.es...). De plus, il y a un risque de perte de souveraineté : les données médicales des hôpitaux publics sont désormais stockées chez Microsoft en vertu du Health Data Hub, donc accessibles à l’État américain (règle du Cloud act) et à ses entreprises...

Extrait de C Ce soir du 29 novembre 2022 (pour accéder à l'émission intégrale)

Le Sénat a réalisé une enquête, à la demande du Groupe communiste républicain citoyen et écologiste, qui a abouti à un rapport "Un phénomène tentaculaire : l'influence croissante des cabinets de conseil sur les politiques publiques", rendu public le 17 mars 2022.

Fin juin, le collectif Nos services publics (dont Lucie Castets est co-porte-parole) avait écrit une note fort à propos : La revitalisation des services publics, un antidote face au Rassemblement national

En effet, d'autres sujets doivent être pris en compte très rapidement.

Nous avons signé la Tribune collective “répondre à l’urgence sociale, environnementale et démocratique” (LDH et une cinquantaine d'associations).

Nous relayons localement l'appel :

À l'issue du second tour des législatives du 7 juillet 2024, l'intersyndicale de la Loire (CGT, FSU, UNSA, Solidaires, CNT...) exprime son soulagement après qu'aucun.e député.e d'extrême droite n'ait été élu.e dans le département et que l'extrême droite n'ait pas de majorité à l'assemblée. Il s'agit bien là du résultat de la mobilisation de nos organisations syndicales, de la jeunesse et de l'ensemble des citoyen.nes opposé.es à l'extrême droite.

Le nombre de député.es d'extrême droite dans l'hémicycle n'en reste pas moins inédit et inquiétant. La montée du RN est à la fois le fruit du racisme, et le résultat d'années de politiques anti-sociales (réforme des retraites, de l'assurance chômage, perte des services publics), stigmatisantes (lois asile et immigration), autoritaires (passage en force de la réforme des retraites face à une population majoritairement contre, refus du dialogue social), anti-écologiques (inaction climatique, grands projets inutiles, atermoiements sur la lutte contre la pollution et les toxiques).

Ces politiques ont augmenté les inégalités et les gouvernements successifs ont repris des idées de l'extrême droite à l'encontre des étrangers, de la communauté LGBTQI+, de la jeunesse et du mouvement social.

Nous appelons chaque député.e, élu.e grâce au sursaut citoyen pour faire barrage à l'extrême droite, à répondre à l'urgence et aux exigences sociales et démocratiques.

Ainsi, nos organisations syndicales réclament des mesures immédiates pour :

  • La hausse des salaires dans le privé comme dans le public, la hausse des pensions et des minima sociaux,
  • L'abrogation de la réforme des retraites et l'abandon définitif du projet de réforme de l'assurance chômage,
  • Un investissement massif dans les services publics et une véritable politique de réindustrialisation du pays afin de relancer notre industrie, produire "localement" et ainsi faire baisser notre empreinte carbone
  • L'abrogation des lois "sécurité globale" et "asile et immigration".

La justice sociale, l'investissement dans les services publics, la question environnementale, la lutte contre les discriminations et pour l'égalité Femmes-hommes sont des urgences absolues. Répondre à ces enjeux constitue la solution pour faire reculer durablement l'extrême droite et ses idées.

Nos organisations sont déterminées à agir dans la durée pour lutter contre l'extrême droite et ses idées, pour gagner le progrès social pour l'ensemble des travailleuses et travailleurs, pour la jeunesse, les privé.es d'emploi et les retraité.es.

Pour cela, Emmanuel Macron doit respecter le résultat des urnes, un nouveau gouvernement doit être formé au plus vite pour appliquer un programme qui réponde à nos revendications.