Wauquiez et son "bouclier sécuritaire" pour la Haute-Loire

Dessin de Mykolas

Laurent Wauquiez redevient député de Haute-Loire, réélu grâce au front républicain (au 1e tour il n'avait obtenu que 36,80% des voix contre le candidat RN à 34,18%). Pour rappel, en 2015, il déclarait qu'il voterait blanc à l'occasion d'un duel gauche-FN lors d'une législative partielle dans le Doubs...

Mais il reprend sans sourciller sa dialectique monomaniaque et ultra sécuritaire en annonçant le lancement d'un "bouclier sécuritaire" pour "protéger la Haute-Loire de la délinquance venue de l'extérieur" : "Nous avons vu des évolutions préoccupantes avec 7 % de hausse sur les atteintes aux biens, 22 % sur les vols de voiture et 15 % pour les atteintes à l’intégrité physique en 2023."

Sauf que le préfet n'a pas les mêmes chiffres : sur les six premiers mois de l’année 2024, baisse de la délinquance générale de 16 % en zone police et de 7 % en zone gendarmerie."

En pleine campagne (sa circonscription), L. Wauquiez veut installer
une trentaine de caméras sur sept secteurs de la RN 88 et neuf sur les routes départementales (sur le territoire de 12 communes, qui "pourrait ensuite être élargi côté Craponne-sur-Arzon et côté Ardèche"), le tout raccordé à un centre de contrôle situé dans les locaux de la police municipale de Monistrol.

Carte du "Fort Alamo" altiligérien voulu par Wauquiez (à noter que 600 caméras ont déjà été déployées en Haute Loire (financées par l'Etat, 185 000 € rien que pour 2023)

Ces caméras enregistreraient en permanence et un déport automatique serait envisagé vers le centre départemental de la gendarmerie au Puy-en-Velay ... sauf que, dans la loi, les gendarmeries ne sont pour l'instant pas autori­sées à accueillir un centre de vidéosurveillance (type CSU, centre de supervision urbaine utilisé dans les villes). Bien sûr, Laurent Wauquiez voudrait remettre en cause cette "limite juridique", mais qui paierait pour ce travail de supervision ?

Et qui paiera pour tous ces équipements ? La région, pour 700 000 €, et le département pour 100 000 €.

En effet, L. Wauquiez est encore président de la région Auvergne-Rhône-Alpes pour quelques jours (il a 30 jours après son élection comme député pour en démissionner, soit jusqu'au 7 août, puis 30 pour convoquer l'assemblée afin d'élire son remplaçant, soit le 7 septembre maxi). Donc il prend des décisions coûteuses - à charge de ses successeurs à la région - au profit d'une zone qui vient de l'élire député, clientélisme toujours...

Wauquiez, l'homme qui a déjà installé des caméras dans les gares, trains, cars de la région, ainsi qu'aux abords des lycées, et fait voter une délibération régionale en mars 2024 pour les faire basculer dans la reconnaissance faciale, imagine déjà que ce "bouclier" pourrait se développer ailleurs en Auvergne-Rhône-Alpes et en France.

Tout cela de­vrait être installé début 2025. Comme d'habitude, ces installations s'accompagneront des panneaux à ses couleurs.

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