Serenicity présente au colloque de GEM à Grenoble

Mercredi 15 mai 2024, GEM, l’école de management de Grenoble a organisé un colloque intitulé « Souveraineté technologique de la France : réalités locales et conséquences », avec la participation de militaires, d’universitaires et de chefs d’entreprises. Derrière cette une apologie de la « souveraineté technologique », le collectif Stopmicro38 décrit « un mercantilisme macabre » qui fait la part belle « à la fabrication d’armement et de systèmes de surveillance, partenariats militaires, ventes d’armes à l’international. »

L'entreprise stéphanoise Serenicity faisait partie des start-ups présentes à ce colloque.

Pour rappel, Serenicity est la start-up qui avait été engagée en 2029 par la mairie pour implanter une vingtaine de capteurs sonores dans le quartier Tarentaize-Beaubrun-Couriot. Un projet qui a vu le jour peu de temps après la déclaration nauséabonde du gouvernement au sujet « des quartiers de reconquête républicaines », dont faisait partie quatre quartiers de Saint-Étienne (dont Beaubrun).

À travers cette implantation des micros, c'est un projet de Smart City, design, ultra-connectée et surveillée qui a commencé à se dessiner, avec des « micros » dissimulés dans des lampadaires ou des panneaux de signalisation et couplés à l'intervention de drones.

C'est à cette époque que nous avons créé notre collectif. Notre mobilisation s'était alors conclue par une victoire, la CNIL ayant retoquée l'expérimentation des « micros » par la mairie.

Cela dit, nous savons que cette victoire est temporaire et que le projet est sans doute toujours dans les cartons. Le maire de Saint-Étienne a en effet écrit en 2019 dans un courrier révélé par la Quadrature du Net, que « si les freins techniques doivent justement être résolus par l’innovation, il nous revient à nous, élus, de faire lever les freins administratifs et juridiques ». Ce qui laisse sous-entendre qu'il compte bien y arriver à terme. Il faut dire, que ce projet se couplait également, à celui de Digital Saint-Étienne, une plateforme numérique destinée à collecter les données de la ville et de la métropole pour faire de Saint-Étienne une "ville intelligente".

Serenicity est présidée par le fabricant d'armes Verney-Carron. Ce qui n'a rien d'étonnant pour un projet technosécuritaire.

Au prétexte de poursuivre l'innovation et l’« attractivité urbaine », les promoteurs de ces projets masquent la sur-policiarisation, le déploiement massif de la surveillance et la discrimination qui se cache derrière ces projets car, comme nous l'avons critiqué dans une émission de La Machine à découdre sur Radio Dio, les projets de « Smart cities », sont avant tout des projets sécuritaires de « Safe cities ».

Pour écouter cette émission : https://halteaucontrolenumerique.fr/?p=198

Lettre de la mairie relayée par LQDN et republiée dans "Mouchards et drones à Saint-Etienne : le maire veut étouffer le débat" sur le Numéro Zéro

À ce colloque colloque intitulé, « Souveraineté technologique de la France : réalités locales et conséquences », était présents : les militaires du Bataillon d’Infanterie de Montagne et du Groupe militaire de Haute montagne, ainsi que des stratèges de l’Institut des hautes études de la défense nationale. On y trouvait aussi le CEA, maison-mère des entreprises STMicroelectronics et Soitec contre lesquelles il y a eu récemment de grosses mobilisations.

Derrière l'innovation technologique promue par ce colloque, on voit pointer d'autres intérêts, celui du business technosécuritaire et des entreprises d'armement.

Pour le collectif Stopmicro38 ce colloque participe avant tout à : « renforcer le complexe militaro-industriel grenoblois, passer sous silence les atrocités qui se passent à l’autre bout du monde du fait des exportations d’armes et poursuivre la folle course en avant de l’accaparement des ressources naturelles… dans le but cynique de générer des profits en France. »

De fait, armement et technolologies sécuritaires forment "une hydre à deux têtes". C'est ce qui était déjà ressorti d'un échange avec le CRAAM en 2023, dans une émission de la Machine à Découdre que nous avions co-organisé avec le Couac.

Le secteur de la cybersécurité est très présent dans la région AuRA, qui concentre 20% de la recherche nationale en la matière.

L'application de techniques militaires au civil est croissante, et les activités mixtes (destinées aux deux, les "biens à double usage") rendent moins lisibles les frontières entre ces productions et leurs utilisations. L'actualité en Palestine nous le prouve encore tristement aujourd'hui...

Le mercredi 15 mai, le collectif Stopmicro38 a organisé un rassemblement devant GEM aux côtés du CRAAM (Coordination Rhône-Alpes Anti Armement et Militarisme), pour protester contre ces logiques mortifères.

Voir le tract distribué contre ce colloque : https://stopmicro38.noblogs.org/post/2024/05/13/au-rendez-vous-des-croque-morts/#sdfootnote7sym