Images tirées d'un article de Saint-Étienne Le Magazine de mai 2024
"L'esprit tranquille", c'est le slogan supposé rassurant adopté par la municipalité de Saint Etienne pour vanter sa police municipale. Ce slogan de communicant - qui consiste à inverser l'intranquillité que beaucoup ressentent face à ces robocops qui envahissent nos rues - est aussi à déconstruire face à divers faits.
La corruption locale progresse en France
Ces élu.es qui veulent nous imposer leur ordre sont-ils irréprochables ?
Transparency International indique que la France ferait partie des 25 pays les moins touchés par la corruption (elle n'est que 20e en 2023, en baisse), et que, selon l'assureur SMACL, seule une faible minorité de ses élu.es locaux (environ 0,34%) sont poursuivis par la justice, seul.es 40% étant au final condamné.es. L'ONG en dresse une carte, tout de même inquiétante.
Le maire de Saint Etienne, non encore condamné - et toujours en place ! -, est déjà mis en examen pour "chantage" (délit passible de sept ans d’emprisonnement), "association de malfaiteurs" (cinq ans), "détournement de fonds publics" (dix ans), liés à l'affaire dite de la sextape au détriment d'un de ses alliés politiques, Gilles Artigues (il en a visé d'autres, Michel Thiollière, Laurent Wauquiez...). Voir à ce propos les études de Médiapart [30 articles !] et d'Anticor [12].
Mais, même si son cas semble relever des films de mafia, d'autres peuvent l'être pour des motifs moins spectaculaires...
Les solutions techno-policières sont inefficaces
Les édiles de Saint-Etienne se vantent de l'augmentation du nombre de policiers municipaux, de celle du nombre de caméras et de leur CSU (centre de supervision urbaine) si "performant" (et qui va déménager dans un espace de 4 000 m², avec encore plus d'écrans, assistés par une VSA, antichambre de la reconnaissance faciale sous Briefcam ?).
On peut voir à ce propos dans notre article le paragraphe "Cette surveillance est-elle utile, et en quoi ?", lequel rappelle le dramatique attentat du 14 juillet 2016 à Nice (actuellement objet d'un procès en appel jusqu'au 14 juin 2024), pourtant une des villes les plus vidéosurveillées en France. En première instance, déjà, l'inefficacité de la vidéosurveillance y avait été mise en cause.
Le même article citait deux études qui concluaient, face au total des affaires traitées par la police et la gendarmerie, que les caméras contribuent à la résolution de seulement 1 à 3 % des cas, et que plusieurs avis de la Cour des comptes et des chambres régionales notent l'absence de justification de l’emploi de centaines de millions d’euros investis dans ce domaine.
Un contre-exemple, à Issy les Moulineaux (70.000 habitant.es), cité dans le documentaire "Fliquez-vous les uns les autres", illustre la pertinence d'une autre approche, sans vidéosurveillance et privilégiant des éducateurs de rue, des actions d’accueil, d’inclusion, en direction des personnes à la rue et de personnes en difficulté sociale … Ses élu.es estiment obtenir de meilleurs résultats que des villes voisines (Levallois-Perret…), mais soulignent qu'ils émargent au même Fonds Interministériel pour la Prévention de la Délinquance (FIPD) que les caméras, la primauté de l'actuel pouvoir pour ces dernières se faisant au détriment de l'approche humaniste.
Divers collectifs (que nous soutenons comme à Planfoy, à Reventin et aux Côtes d'Arey) contestent ce déploiement dans des zones rurales.
La vidéoverbalisation, horizon profitable des systèmes de vidéosurveillance ? Et pour qui ?
Cet usage se développe à grande vitesse, même dans de petits villages, avec des ratées car en toute illégalité (voir à Génilac). Stationnement et 17 autres types d'infractions sont privilégiées, mais d'autres répressions moins avouables en font aussi l'objet, tels des participations à des manifestations (par exemple des dijonnais.es pour avoir fait du bruit avec un ustensile de cuisine lors d'une manif), sanctionnées par le biais des AFD (amendes forfaitaires délictuelles, fortement étendues par la loi LOPMI).
Au profit de l'Etat principalement, et au détriment des plus pauvres, des militant.es qui s'opposent ...
Où vont les données ?
Si certaines reviennent à l'Etat, dans un fichier national comme celui de l'ANTAI (Agence Nationale de Traitement Automatisé des Infractions), ou dans le TAJ (Traitement des Antécédents Judiciaires), ces données peuvent aussi être piratées, détournées avec le risque d'une privatisation au profit d'industriels indélicats ou, carrément, d'officines mafieuses.
En marche vers la privatisation de la police ?
Les lois Sécurité globale, LOPMI ont beaucoup étendu les pouvoirs des vigiles, voire de milices privées. Jusqu'à ces "voisins vigilants" et "snipers sur les toits" vus à Nouméa, impliqués dans trois meurtres dits d'"autodéfense"?