Réseau départemental d'objets connectés, ROC 42 : pour quoi faire ?

Le conseil départemental de la Loire propose aux différentes communes du département, avec l'appui de son syndicat départemental de l'énergie le SIEL (Syndicat Intercommunal de l'Energie de la Loire), l'accès à un réseau d'objets connectés, ROC 42.

L'ambition est d'encourager au déploiement d'objets connectés par toutes les collectivités locales de la Loire, y compris les plus petites, dans leurs locaux, dans les rues qu'elles gèrent... C'est un projet d'ampleur : 170 "passerelles" seraient actives dès maintenant, et bien plus en projet.

Ces "objets connectés" le sont à un réseau départemental par des prises, et sont le plus souvent des capteurs intégrés à des poubelles (pour savoir qui a déposé et facturer un volume de dépose), des lampadaires (pour les déclencher en fonction du passage), des places de parking (pour voir leur occupation, y compris dans des hameaux), des micros et des capteurs de détection d'occupation, de températures dans les locaux publics, des caméras aussi...

Par ailleurs, les tarifs de ce déploiement peuvent largement contribuer à grever le budget de petites communes, le plus souvent sans débat sur les finalités de ces équipements :

Tout ça sous couvert d'écologie, de côté pratique pour une mairie (cette collecte d'infos multiple est sous traitée, la mairie obtient des données synthétiques) et valorisé par le sérieux et l'aspect semi-public de l'opérateur, le SIEL (syndicat départemental de l'énergie ... qui gère aussi les Linky à la place des mairies).

Sur le plan technique, cela reste un réseau radio bas débit (à la norme LoRa Wan), ce qui en principe lui interdit les très gros transferts de données (vidéo) ... pour le moment. Car le projet est bien de faire basculer ces réseaux en 5G à terme, tous les opérateurs s'y préparent.

Cela pose plusieurs questions :

1° choix de société : a-t-on besoin de tous ces objets connectés, qui visent à supprimer des emplois de proximité et qui déshumanisent (d'autres emplois sont créés ailleurs, derrière des écrans !) ?

2° fausse écologie par le "solutionnisme technologique", sans se poser la question de la surconsommation électrique et des matières utilisées pour tous ces équipements. Et générateurs de cet électrosmog (brouillard électromagnétique) qui handicape ceux déjà malades face aux ondes, et ceux qui vont le devenir.

3° privatisation déguisée : des emplois publics (municipaux) sont remplacés par d'autres, privés et souvent précarisés. Et la maitrise de fonctions essentielles passe sous la coupe du privé, les municipalités perdent de leur autonomie politique. Un auteur que nous avons reçu, Gilles Jeannot, analysait ça très précisement dans son livre "La privatisation numérique : Déstabilisation et réinvention du service public".

4° problème de surveillance : le vrai opérateur n'est pas le SIEL mais une société privée de services informatiques. C'est donc elle qui stocke toutes les données issues de toutes ces "passerelles", qu'elle peut vendre, ou traiter elle-même pour pister chacun·e de nous.

Le SIEL ne communique plus sur l'aspect surveillance car trop "sensible". Mais un document plus ancien mentionnait l'existence de 29 caméras, et d'un CSU (Centre de supervision urbaine), donc capable de traiter avec des algorithmes des images pour repérer des mouvements de foule ou des "comportements suspects", exactement comme le prévoit la loi JO 2024 ! La loi sécurité globale autorise la mise en place de réseaux de vidéosurveillance départementaux (le Val d'Oise en a déjà un) qui pourraient être dotés d'un CSU mutualisé…

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