Victoire contre l'antenne de Sorbiers !

Dans la commune de Sorbiers des riverains ont créé le collectif N’ONdes MERCI pour protester contre l’implantation d’une nouvelle antenne relais au sommet de l’église du bourg. Après avoir lancé une pétition ayant recueilli plus de 500 signatures, ils ont fait une manifestation à Sorbiers, réunissant Sorbérans et riverains des communes voisines. Face à la mobilisation locale, la municipalité a décrété l’abandon du projet d’antenne. Une victoire locale qui fait plaisir !

C’est en novembre 2022 que les Sorbérans ont découvert ce nouveau projet d’antenne Bouygues Telecom sur leur commune. Cette antenne, située à proximité de plusieurs écoles et d’une crèche (à moins de 100 mètres), devait être dotée "des différentes générations de technologie mobiles - de la 2G à la 5G".

La mairie a demandé des mesures d’ondes par l’Anses, qui comme d’habitude a validé le projet (les seuils en France étant extrêmement plus hauts que dans les autres pays d’Europe, cela n’a rien d’étonnant 1). Cette étude déclarait par ailleurs que les ondes allaient passer au-dessus des bâtiments, ce qui est absurde, comme l’a pointé le collectif N’ONdes MERCI :

"Ceci nous fait étrangement penser à la dialectique utilisée à l’égard du nuage radioactif en provenance de Tchernobyl et s’arrêtant bien sagement à la frontière. Les ondes n’ont-elles pas pour vocation à atteindre les équipements que nous utilisons par delà les porches et les murs des habitations ?" (collectif N’ONdes MERCI)

En effet, la 5G possède un faisceau de repérage passif qui scanne en permanence l’environnement à la recherche d’un utilisateur, quand il en trouve un, le faisceau de repérage localise l’envoi et un autre faisceau, le faisceau de trafic vient sur le téléphone pour augmenter le débit. Cette localisation est très précise, elle peut situer le téléphone à l’étage précis d’un immeuble.

Par ailleurs, la 5G est vouée à long terme à être couplée à de plus petites antennes ("small cells") afin de pouvoir se connecter à nos objets connectés. C’est le "beamforming". Dans ces cas là, les ondes électromagnétiques sont envoyées sous forme de faisceaux plus puissants.

Voir ce documentaire Suisse :

À la demande de la municipalité, Bouygues a été contraint d’organiser une réunion d’information, mais celle-ci, comme c’est souvent le cas, a été mal annoncée et n’a pas réuni beaucoup d’habitants.

"Nous avons eu l’information seulement la veille, et encore, grâce aux réseaux sociaux" (une Sorbéranne, le Progrès, "Un projet d’antenne-relais dans le clocher de l’église du bourg", mardi 22 novembre 2022)

Suite à cette réunion, des Sorbérans, inquiets des conséquences sur la santé des enfants, des risques en matière de sécurité (l’antenne pouvant provoquer un incendie dans le clocher ou fragiliser la structure de l’édifice) et soucieux de préserver ce lieu de culte au caractère historique, ont lancé une pétition qui a récolté plus de 500 signatures !

Lien vers la pétition (à présent cloturée)

Le collectif a également sorti un communiqué que nous relayons ci-dessous :

"COMMUNIQUE DE PRESSE

Depuis quelques mois, suite au refus de son projet d’implantation initial sur le site de la Combe, le clocher de Sorbiers est convoité par l’opérateur Bouygues Télécom, pour installer à son profit une antenne relais d’ondes électromagnétiques 5G. Personne ne s’opposant clairement au projet au sein de l’équipe municipale ni du clergé, une pétition a donc été lancée suite aux réunions d’information par l’opérateur en novembre pour exprimer l’incompréhension des riverains, parents d’élèves, commerçants, usagers ou simples citoyens concernés par la question.

Mais pourquoi deux sons de cloches ? Si la commune est fibrée et déjà couverte par 10 antennes tous opérateurs confondus dans un rayon de moins de 2 km autour du clocher, pourquoi céder à une installation supplémentaire en plein cœur de village, défiant tout principe de précaution quant à l’inflammabilité du bâtiment et à la santé des habitants et usagers dans un rayon dépassant le centre du bourg. Pourquoi planter une épée de Damoclès au dessus, de plus à proximité immédiate de deux écoles et d'une crèche.

Comme le souligne le site officiel de l’ANSES, les données ne sont pas suffisantes à l’heure actuelle pour conclure à l’existence OU non d’effets sanitaires liés à l’exposition aux champs électromagnétiques. Pourquoi cette incapacité à trancher ? Tout simplement car :

  • Il existe très peu de données d’exposition liées aux antennes relais et aux téléphones mobiles en situation réelle ;
  • seuls des indicateurs d’exposition fondés sur des simulations numériques sont actuellement disponibles ;
  • Ces indicateurs n’ont pas été jusqu’à présent validés ou infirmés par des mesures sur le terrain faute d’un déploiement complet et d’un usage nominal du réseau 5G ;
    Les risques éventuels (cancer, dysfonctionnement cérébral, infertilité, électro-hypersensibilité, …) continuent de faire l’objet de travaux de recherche et d’évaluation.

En l’état actuel des connaissances et de l’absence de données, le déploiement des antennes pose donc question au regard de l’application crucial du principe de précaution inscrit dans la Constitution, dans le centre bourg étendu. Les parents de l’école Sainte-Marie-du-Langonnand auront même été surpris d’entendre les propos un brin provocateur de l’opérateur lors d’une récente réunion d’information sur le projet à l’école le 23 février 2023 : "Si vos enfants tombent malades, il y aura des assurances."

L’argument souvent cité par les indécis "dans la mesure ou on ne la voit pas" laisse à penser que les conditions d’esthétisme prévalent sur la santé. Comme si l’invisible ne présentait pas de danger, du grisou à la covid 19 en passant par le radon et les nanoparticules, les exemples ne manquent pas.

Si le débat sanitaire devrait suffire à suspendre le projet, se pose parallèlement le choix d’un lieu patrimonial et cultuel pour héberger les activités commerciales et lucratives de l’opérateur. Outre ce choix très étonnant pour le patrimoine sorbéran cautionné par le conseil municipal, dixit l’opérateur, rappelons qu’un décret, signé en 1905 par Aristide Briand, député républicain-socialiste, précise la portée de la "servitude d'affectation cultuelle" imposée au propriétaire municipal par la loi de séparation de l'Église et de l'État. Ce texte interdit ainsi aux personnes publiques propriétaires de "détourner ces édifices (cultuels) de leur destination en les faisant servir, ne fût-ce que d'une manière momentanée à d'autres usages que le culte". Les voies du seigneur passent-elles désormais par la 5G ?

L’église Notre Dame de l’Assomption et sa paroisse Sainte-Cécile est-elle prête également à perdre son statut d’église verte en se positionnant hors charte ?

Ce seul texte de loi devrait faire autorité au-delà même du volet sanitaire. Et pourtant, il nous interroge sur l’acceptation passive, et donc l’intérêt du clergé à supporter un tel détournement de l’édifice au profit des activités lucratives d’un opérateur privé. Les marchands n’ont-ils pas été chassés du temple ? Pourquoi faire de l’église "une maison de commerce ?" Certes les clochers et les zones urbanisées sont du pain béni pour les opérateurs privés, une infrastructure, des réseaux et une intégration paysagère minimisée, un investissement allégé pour ces derniers. Y-a-t-il un profit qui nous échappe ?

Sans compter que le clocher est par nature exigu, poussiéreux, inflammable, difficile d’accès et non accessible 24h sur 24h en cas d’incendie. Voulons-nous vraiment faire courir ce risque à un élément patrimonial central figure de proue de la commune ?

"Science sans conscience n’est que ruine de l’âme", disait Montaigne. Espérons que l’équipe municipale, le prêtre et son diocèse soient sur la même longueur d’ondes. Nous ne sommes pas contre le progrès, mais pour le bon usage de celui-ci.

Retrouvez la pétition sur change.org "Contre l'antenne relais Bouygues Télécom dans le clocher de SORBIERS"
ou dans vos commerces sorbérans HB coiffure, l’opticien Un autre point de vue)

Le Collectif N’ONdes MERCI

Un collectif citoyen d’opposition aux antennes électro magnétiques dans le bourg de Sorbiers au sein du clocher.
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Le 29 mars 2023, une manifestation s’est déroulée à Sorbiers, le jour même de la deuxième réunion publique. Une déambulation avec beaucoup de banderoles et de pancartes, qui a réuni des habitants de Sorbiers et des communes voisines, également mobilisés contre d’autres projets d’antennes. Des membres de Stop Linky 5G Loire étaient également présents.

Manifestation du 29/03/2023, Sorbiers

Arrivée devant la mairie des prises de paroles ont eu lieu, des textes écrits par les enfants en hommage à l’église, ainsi que des témoignages sur des situations d’électrosensibilité. Une partie des manifestations s’est ensuite rendu à la réunion publique pour interpeller la mairie.

Manifestation du 29/03/2023, Sorbiers

Finalement les habitants de Sorbiers mobilisés contre cette antenne ont eu gain de cause auprès de la mairie qui a décidé de ne pas délivrer d’autorisation à Bouygues Telecom !

Article du Progrès du 23 avril

C’est la deuxième fois que Bouygyes Telecom échoue à implanter une antenne-relais à Sorbiers ! L’opérateur avait déjà essayé d’implanter une antenne 4G à la Combe fin 2020, sans succès. Le dossier avait été refusé faute de raccordement électrique possible. Une victoire, là encore possible grâce à la mobilisation des riverains dont nous avions parlé à l’époque dans une émission de radio !

Article sur l'émission de radio "La machine à découdre, la 5G et son monde"

Ceci démontre que même si le combat est difficile, des victoires sont encore possibles ! Avec celle de Joseph (2), cela fait deux victoires locales contre le danger des ondes électromagnétiques. Et même si celles-ci sont relatives (surtout dans le cas des antennes qui peuvent être mutualisées ou réimplantées ailleurs), il faut quand même les relayer. Peut-être que cela permettra à d’autres riverains de résister ailleurs, sur le plan politique et juridique.

La lutte contre la 5G et son monde continue dans la Loire et partout ailleurs !

Références

1) Le seuil limite est de 61 v/m en France contre 6 v/m en Italie. Sachant que la résolution 1815 du Conseil de l’Europe préconisait de respecter un seuil de 0,1 v/m en 2011, il y a de quoi s’alarmer !

2) Lire l’article "Victoire définitive pour Joseph, électrohypersensible"

Compléments

2 réponses sur « Victoire contre l'antenne de Sorbiers ! »