Parce que l'IA n'est pas "soutenable", les big tech votent pour le nucléaire !

Dessin de Jerk

En 2019, Three Mile Island (Pennsylvanie, aux Etats-Unis) était le lieu de la 1e méga catastrophe du nucléaire (avant Tchernobyl et Fukushima). Le cœur d'un réacteur a fondu en partie, entraînant l'abandon de cette centrale. Microsoft demande sa réouverture, car cette "big tech" souhaite utiliser l'énergie produite pour alimenter ses centres de données, largement consacrés à l'IA (et notamment à sa filiale OpenIA, qui développe ChatGPT). Ce seul réacteur correspond à la consommation de 800 000 foyers...

Cet épisode est révélateur : devant les besoins électriques exponentiels des logiciels d’intelligence artificielle, Microsoft, Amazon, Oracle et d'autres veulent relier des centres de données à des réacteurs nucléaires. Amazon a ainsi racheté un data center attenant à la centrale nucléaire de Susquehanna, la sixième plus grande des États-Unis (où environ 20 % de l’électricité provient du nucléaire, contre plus de 70% en France). Et capterait jusqu’à 900 mégawatts sur les 2,5 gigawatts produits par cette centrale.

Pour Amazon, ses "projets d’énergie éolienne et solaire, qui dépendent des conditions météorologiques pour générer de l’énergie", doivent être complétés par d’autres sources d’énergie "propre et décarbonée". Du green, mais pas trop !

Le patron d'Oracle justifie un projet similaire par la nécessité d'"entraîner" ses futurs modèles d’IA, toujours plus gourmands en calcul informatique. Une requête sur ChatGPT consommerait dix fois plus d’électricité qu’une recherche classique sur Google, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

Au niveau mondial, les besoins électriques de l’IA et des cryptomonnaies devraient passer de 460 térawattheures (TWh) en 2022 (soit 2 % de la consommation) à 620 TWh ou 1 050 TWh dès 2026, selon l’Agence Internationale de l'Energie. Sur le long terme, le Forum économique mondial estime que la puissance de calcul nécessaire pour soutenir l'essor de l'IA double environ tous les 100 jours (taux de croissance annuel compris entre 26 % et 36 %) !

Comme nous le présentions dans un article d'août (Pollutions, captation d'eau, d'énergie… La faute à l'IA), cette insoutenabilité du déploiement de l'"IA partout" touche d'autres aspects : la consommation d'eau, de terres rares et de minerais, et a des conséquences colossales en terme de pollution (pas seulement sur les rejets de carbone). Mais des décisions politiques plus discrètes y pourvoient (comme à Grenoble pour réserver l'eau pure à la fabrication de puces plutôt qu'à la consommation humaine !). Pour l'électricité cela nécessite des choix d'investissement plus visibles, souvent nationaux comme en France.

Le pouvoir macroniste, totalement en connivence avec les dirigeants des GAFAM qu'il reçoit en grande pompe (souvent à Versailles, plus chic mais très dispendieux pour les deniers publics), prévoit une relance massive du nucléaire ... sur fonds publics. Pour ce faire, EDF est renationalisé à 100%, et est sommé d'investir dans 5 à 6 nouveaux EPR. Et, pour financer le tout, le pouvoir imagine de détourner l'épargne collectée dans les livrets A qui, jusque là, servaient principalement au financement du logement social, autrement utile pour la population !

Une facture qui, d'après Greenpeace, dépasserait probablement les 100 milliards d’euros en incluant les frais financiers, et qui plomberait pour longtemps les choix budgétaires, lesquels devraient servir les intérêts du peuple...

Les géants du numérique se convertissent au nucléaire pour étancher les besoins énergétiques toujours plus importants de l’IA (Le Monde du 23/09/2024)

Le nucléaire, une planche de salut énergétique pour l'IA (Le Monde Informatique du 10/07/2024)

IA générative : Microsoft relance la centrale nucléaire de Three Mile Island pour alimenter ses data centers (L'usine digitale du 23/09/2024)