Atelier : pour un statut d'objecteur du numérique dans l’Éducation

Ci-dessous relevé de conclusions de l'atelier Education le samedi 16 octobre. En lien quelques articles qui ont traité de ces questions depuis la création du site.

Plaidoyer pour des reconnexions humaines / au monde réel

Objectifs

  • fédérer, c'est à dire inscrire les "résistances ou démarches personnelles" dans une stratégie de lutte commune contre l'éducation par le numérique en proposant des alternatives
  • s’appuyer sur un statut qui existe dans les textes juridiques (voir service des objecteurs de conscience) : l’objection de conscience comme acte responsable face à la résignation et au formatage des esprits
  • pour les personnels de l’Éducation et ses usagers (élèves/parents, étudiants)
  • texte à valeur communicationnelle pour l'instant (propositions d'actions) ; à valeur juridique ultérieure : plaidoyer pour la déconnexion en vue peut-être d'un texte de loi
  • les propositions d'actions déclinées ci-dessous visent à relâcher (ou desserrer) le lien d'assignation et de subordination aux directives numériques en restant dans le cadre des "missions" d'enseignement (notamment le suivi de la scolarité)

Introduction

(pourquoi ça nous pose un problème de conscience, ce qu’on veut)

Dans notre monde, le numérique nous a submergé et contribue à la perte d’autonomie, de liberté et d’humanité de chacun. Nous ne voulons pas d’un monde numérisé et connecté, qui détruit l’humain et son environnement.

En conscience, personnels, usagers et parents d’élèves objectons contre l’assujettissement au tout numérique. C’est une atteinte à la santé des personnes, à l’environnement, à la liberté, à notre humanité. Et nous militons pour une (re)connexion directe entre humains, sans interface numérique.

Corroborant les constats quotidiens, les études s’accumulent et confirment les dégâts exponentiels du numérique qu’il n’est plus possible de nier : écologiques (extractivisme, consommation de ressources, énergie, pollutions irréversibles…), physiologiques, psychiques et cognitifs (troubles des développement moteur, du langage, des apprentissages…). Ainsi, nous demandons à ce que l’école n’accentue pas encore ce phénomène (dans l’établissement scolaire ou à la maison). Pour retrouver un développement harmonieux sur le plan individuel et dans les relations sociales, nous privilégions des interactions directes et qui donnent du sens à l’existence.

Ce que l’on refuse et ce que l’on veut

  • Nous refusons la mise en ligne des données personnelles, qui est par essence incontrôlable et ne respecte pas la vie privée ainsi que le droit à disposer de ses données. De plus, l’extraction toujours plus gigantesque de données personnelles est au service de la surveillance et de la marchandisation du monde. Nous voulons une simplification des exigences administratives et, afin de garder la maîtrise des informations qui nous concernent, nous réhabilitons l’usage du document papier pour la trace et la communication.
  • Nous refusons de contribuer à l’augmentation sans fin et sans frein des données : pourquoi alimenter les datacenters en se connectant alors que l’on peut tout aussi bien communiquer oralement et/ou par papier ? Oui au cahier d’appel, au cahier de texte, au carnet de correspondance, au manuel PAPIER. Le tout numérique déresponsabilise les élèves et rend élèves et parents dépendants d’une connexion internet. Être responsable et autonome : pour un élève, c’est avoir son cahier et son stylo ; c’est entretenir sa mémoire sans béquille informatique ; c’est être responsable de la bonne communication entre ses parents et l’institution, via le carnet de correspondance papier dont il est dépositaire.
  • Nous nous inquiétons du temps grandissant occupé par les écrans (pour les personnels, les élèves et les parents) et les tâches administratives (dans nos fonctions et pour les parents). Nous désirons privilégier un rapport simple et direct avec les parents et les élèves, plutôt que de perdre du temps à nourrir la machinerie numérique.
  • Nous voulons conserver des affichages sur le lieu de travail et des possibilités de communication non numériques car nous refusons de devoir nous connecter pour avoir les informations nécessaires à la conduite de nos missions (numéros de salle, emploi du temps, circulaires, nombre d’élèves, …).
  • Nous préférons avoir une trace écrite et durable de la scolarité des élèves grâce au carnet de correspondance et/ou cahier de texte, nous ne voulons pas utiliser des logiciels pour remplir ces missions.
  • Nous nous opposons a la mise en place d’outils numériques complexes (véritables "usines à gaz") qui :
    • transfèrent la gestion des taches administratives aux utilisateurs et en particulier aux enseignants,
    • conduisent à la destruction d’emplois administratifs
    • entraînent une déshumanisation complète des rapports sociaux
  • Nous refusons l’intrusion des écrans en classe et nous ne voulons pas imposer leur utilisation à domicile par les élèves. Nous voulons un partage humain des connaissances et favoriser la pluralité des moyens non numériques.
  • Nous souhaitons que les élèves soient confrontés à l’écrit plus souvent afin de mieux le maîtriser. Pour cela garder les cahiers de textes papier, des devoirs, des évaluations et des cours en direct et sur papier sont nécessaires pour contrecarrer le réflexe du clavier et de la correction automatique.
  • Nous voulons rester capables de déceler et/ou d’accueillir les problèmes liés à la compréhension ou à ce que vit l’élève grâce au face à face avec les concernés. Pour cela nous refusons les interfaces numériques et les cours à distance : les cours virtuels ne sont pas des cours réels et nous dépossèdent des savoirs faire.
  • Nous ne gobons pas la pilule dissonante consistant à la fois à mettre tout le monde devant des écrans et à documenter des cours sur la sobriété numérique. Comment être crédible en faisant des cours sur les dangers du numérique (santé, social, et environnement) tout en imposant un recours systématique au numérique dans le cadre scolaire ?
  • Nous voulons pouvoir assurer des apprentissages sans risque de problèmes techniques que nous ne pourrons pas résoudre par manque de temps et/ou de compétences. Il est plus facile de prêter un manuel, des feuilles ou un stylo que de devoir réparer une tablette, rétablir une connexion...etc... Nous ne souhaitons pas assumer un énième métier de "réparateur informatique" en plus de notre propre mission, déjà alourdie par des tâches administratives et sociales.

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