Manifestation à Saint Etienne le 7 septembre à 16h, à partir de la Gare du Clapier, 2 boulevard Pierre-Mendès-France, à l'appel des antifa stéphanois, de l'Union Syndicale Lycéenne, de l'Union Étudiante, des partis LFI, EELV...
Après sept ans de macronisme, un coup d’État. Qui aurait pu prédire ?
Le journaliste (Edwin Malboeuf, actuellement à Mouais le Mensuel dubitatif), nous offre un inventaire des mesures du septennat Macron qui ne nous rend pas si surprenant le coup de force actuel. D'autant que nous avons en fait participé à la contestation de la plupart de ces mesures...
Deux précisions sur le titre :
Coup d'état (d'après l'historien Emmanuel Cherrier) : "En histoire, les coups d’État présentent tous des caractères identiques. Deux grands corps ou fractions de corps politiques sont en conflit : l’un annule ou mutile l’autre. Par définition, le coup d’État est donc un attentat contre la liberté publique, qui réside essentiellement dans l’équilibre des pouvoirs organisés. L’acte est brusque, et toujours il se revêt de formes légales..."
Qui aurait pu prédire ? reprise d'une "brillante" saillie macronienne lors de ses voeux du 31 décembre 2023 : "Qui aurait pu prédire la crise climatique ?"
Le président a donc annoncé sa décision d’asseoir son auguste fessier sur le résultat du scrutin qu’il avait lui-même initié en procédant à la dissolution de l’Assemblée Nationale. Mais pour un observateur attentif, depuis son arrivée au pouvoir, tout menait cet autocrate déclaré vers cette extrémité du déni de démocratie.
En 2016, alors qu’il lance son parti calqué sur ses initiales, Emmanuel Macron sort un bouquin programmatique : Révolution. Il a oublié le préfixe "contre", mais il n’avait finalement pas tort. Sept années, et plus si l’on compte son passage au ministère de l’économie sous François Hollande, ont ravagé l’État social, les institutions, et la vie des classes populaires.
Retour non-exhaustif sur ce chaos, mesure par mesure, année par année. Chacune d’entre elles a contribué à donner aux plus riches de ce pays, à précariser les plus pauvres, et à les contrôler, les encadrer toujours.
2017
Transposition des principales mesures de l’Etat d’urgence dans le droit commun.
Ordonnances Travail, qui instaure un plafond pour les indemnités pour licenciement abusif et simplifie les licenciements.
Baisse des APL pour les étudiants.
Suppression de l’ISF, et transformation de celui-ci en IFI, un impôt forfaitaire sur le patrimoine.
2018
Réformes de la fiscalité sur le capital : flat tax, fin de l’exit tax, instauration d’un prélèvement forfaitaire à 30% sur les bénéfices, et non plus progressif.
Loi Asile et immigration, allongeant la durée de détention des demandeurs d’asile.
Ouverture à la concurrence du transport ferroviaire, et fin du statut de cheminot.
Suppression des cotisations chômages et assurances maladies, compensée par une hausse de la CSG, soit une étatisation de la Sécurité sociale.
Introduction de la sélection à l’université avec la mise en place de Parcoursup.
Loi Elan qui détricote les normes en matières de logement, d’accessibilité.
Loi sur le secret des affaires, limitant l’action des lanceurs d’alerte dans les entreprises.
Loi contre les fake news, qui donne au juge le pouvoir en 48 heures de décider ce qui est vrai ou non.
2019
Les cahiers de doléance des Gilets jaunes sont jetés aux oubliettes. A la place un Grand débat, ou plutôt un long monologue, qui accouche d'une convention citoyenne pour le climat, elle aussi jetée à la poubelle.
Première réforme de l’assurance chômage, durcissant les conditions d’accès et réduisant la durée d’indemnisation.
Intégration durable du CICE pour les entreprises, avec exonération de cotisations patronales massives, pour un coût total de 100 milliards annuels.
2020
Gestion sécuritaire d’une crise sanitaire. Hélicoptères, drones, haut-parleurs, QR Codes, attestation, couvre-feux, amendes de 135 euros distribués à tire-larigot, pass sanitaire, flics armés de partout. La pandémie aura vu se déployer un arsenal militaire inédit pour encadrer la population.
Loi contre le séparatisme, loi scélérate visant la communauté musulmane et sa supposée non-adhésion aux valeurs de la République, ouvrant la voie à des dissolutions des associations plus faciles, et à un contrôle accru.
2021
Loi pour la Sécurité globale, permettant l’extension de pouvoirs de police, en termes de fichages, d’armement et de surveillance.
Deuxième réforme de l’assurance chômage, reprenant les mêmes principes que la première en plus restrictifs.
2022
Mise en place du service national universel (SNU), dispositif d’enrôlement de la jeunesse dans un patriotisme désuet.
Loi de programmation militaire augmentant le budget de l’armée de 60% pour la période 2024-2030.
2023
Loi Lopmi, augmentant drastiquement le budget de la police de 15 milliards et l’élargissement de la cybersécurité, et de la surveillance algorithmique.
Report de l’âge légal de départ en retraite, passant de 62 à 64 ans, malgré une contestation sociale historique.
Loi immigration, reprenant en grande partie l’idéologie du RN, votée et applaudie par celui-ci (lire Mouais #45).
2024
Annonce de la mise en place du conditionnement de 15 heures de travail hebdomadaire pour toucher le RSA.
Nouvelle réforme de l’assurance-chômage, avec une obligation de 8 mois de travail lors des 20 derniers mois pour être indemnisé.
Et en bonus, toutes ces fois où Macron et ses sbires ont parlé comme l’extrême droite. Liste non-exhaustive…
En 2017 à Mayotte, Macron se moquait du "kwassa-kwassa pêche peu mais qui ramène du Comorien". Au Burkina Faso, il ironisait sur le président quittant la pièce, en le tutoyant : "du coup, il s’en va, reste là ! Il est parti réparer la climatisation".
En novembre 2018, il rend hommage à Pétain. "Le maréchal Pétain a été un grand soldat", dit-il lors du centenaire de la guerre 1914-1918. Pétain a été déchu de ses distinctions militaires et condamné à mort. En 2023, il reprend d’ailleurs la Première ministre Elisabeth Borne, dont la famille fut survivante d’Auschwitz, estimant qu’on ne peut plus qualifier le RN d’héritier de Pétain, "mots des années 1990 qui ne fonctionnent plus" et des "postures morales" éloignées du "concret". "Vous n’arriverez pas à faire croire à des millions de Français qui ont voté pour elle [Marine Le Pen] que ce sont des fascistes", rajoutait-il.
Toujours en 2018, Gérard Collomb, ministre de l’intérieur parle de "submersion migratoire" et de "benchmarking des migrants".
En février 2020, Macron reprend l’expression "pays légal et pays réel". Citation empruntée à Charles Maurras, écrivain et penseur de l’extrême droite de la première moitié du XXème siècle, antisémite et nationaliste, pour qui les institutions républicaines s’opposaient au pays réel, enraciné dans les provinces.
En 2021, la ministre de l’enseignement supérieur Frédérique Vidal demande à ce qu’une enquête sur l’islamo-gauchisme soit menée à l’université.
En 2021, Macron réconforte Eric Zemmour au téléphone pendant 45 minutes, ayant subi une agression verbale dans la rue, et lui propose ensuite de rédiger une note sur l’immigration. Macron disait même de lui qu’il était "intelligent" et qu’il "l’aim[ait] bien".
Darmanin parle d’ensauvagement d’une partie de la société. Estime que le halal participe au délitement de la société française. Il estime Marine Le Pen "trop molle" sur la question de l’islam. Pour les législatives de 2022, il fait une référence explicite au triptyque Travail-Famille-Patrie sur son tract de campagne.
Dans son interview du 14 juillet 2022, Macron déclare qu’une "nation, c’est un tout organique". Une notion puisée dans le vocable de l’extrême droite, avec une définition de la nation essentialiste, c’est-à-dire selon des critères de filiation, et non politique, c’est-à-dire d’appartenance à une communauté de destin.
Pendant la campagne de la présidentielle de 2022, il estime que les "devoirs valent avant les droits", renversant ainsi le principe de la République visant à ce que le président soit garant des droits, et ne les conditionnant pas au respect de devoirs pour les obtenir.
Emmanuel Macron reprend le terme de "décivilisation", titre d’un ouvrage du "théoricien" du Grand remplacement, l’écrivain raciste Renaud Camus, s’agissant des violences commises dans la société. Terme qu’il a réutilisé suite aux révoltes après la mort du jeune Nahel.
Début 2024, Macron confond colonisation et immigration à propos de la Kanaky estimant que "si on disait à Paris qu’on va limiter le corps électoral, sinon on va être remplacés, ça ne semblerait pas bizarre ? J’assume totalement".
En juin 2024, il parle du projet de la gauche comme immigrationniste, terme d’extrême droite.