Les politiques engagées depuis plus de vingt ans en France en matière de services publics (en rapport avec les théories du New Public Management promues par Mc Kinsey et consorts) cherchent à détruire l'Etat social (ou Etat providence) et les dispositifs qui visent à l'accès aux droits pour toutes et tous. Ces politiques nourrissent les extrêmes droites en France et en Europe, en développant un sentiment d’abandon lié au recul du maillage territorial et de la qualité de ces services publics.
Elles utilisent massivement les technologies numériques :
- pour privatiser progressivement les services publics, en commençant par les services "stratégiques" (informatiques, qui collectent les données et automatisent les décisions). Cette sous-traitance systématique nourrit d'ailleurs les fuites massives de données qui menacent notre vie privée. C'est maintenant l'accueil qui est visé par cette numérisation : utilisation de robots téléphoniques, remplacement des guichets humains par des bornes numériques....
- pour réduire drastiquement le montant des redistributions sociales (ex algorithmes déployés à la CAF) ou des services publics gratuits (cas de Parcoursup ou de MonMaster sur l'offre de places dans l'enseignement supérieur public), en dissimulant ces restrictions derrière la complexité et l'apparente neutralité de ces dispositifs numériques.
- pour mettre en place des outils de "chasse aux pauvres" : par le biais d’algorithmes qui les classent en catégories de fraudeurs potentiels et les privent, au moins pendant un temps, du versement des allocations auxquelles ils ont droit. L’ensemble des contraintes et contrôles imposés aux personnes les plus en difficulté génère le non recours massif aux droits (qui atteint désormais des niveaux très élevés, entre 30 et 40 %).
- pour construire la discrimination sociale, raciale, de genre et contre les migrants.
Notre collectif est, depuis ses débuts, engagé dans l'analyse et la contestation de ces techniques numériques face aux divers gouvernements qui les ont promues, particulièrement les macronistes qui en ont accéléré l'usage. Il se confirme que ces déploiements relèvent bien d'une politique délibérée, comme le constate le collectif Changer de cap.
Nul doute qu'un pouvoir dominé par le RN renforcerait encore ces usages et leurs objectifs discriminatoires, de répression et d'exclusion. En effet, le RN prône un service public non plus universel et inconditionnel mais qui exclut. Il porte notamment l’instauration de règles permettant de traiter différemment les familles en fonction de leur origine.
Diverses sources
La revitalisation des services publics, un antidote face au Rassemblement national (collectif Nos services publics)
Comparateur des programmes (collectif Nos services publics)
Accès aux droits sociaux, effectivité des droits (Changer de Cap)
Les algorithmes et l’intelligence artificielle contre les étrangers en Europe (GISTI)
Nos articles (dans l'ordre chronologique)
Contrôles discriminatoires : "Nous demandons le démantèlement des pratiques illégales des CAF" (04/2022)
Débat : "Ce que la numérisation fait au service public et à ses usagers"(05/2022)
Pôle Emploi 2.0. : dans l’enfer de l’administration numérique (06/2022)
Face aux migrant·es, l'UE (et la France) systématisent l'IA (11/2022)
Appel pour remettre l’humain et le droit dans l’action des CAF (05/2023)
Des IA pour traquer les pauvres, ces "fraudreurs" (08/2023)
Précaires sous plateforme : la grande arnaque de France Travail ! (08/2023)
Des sites payants pour obtenir ses prestations sociales ! (09/2023)
Loi Darmanin et déshumanisation des migrant·es (11/2023)
CAF : Lettre ouverte à G. Attal (02/2024)
Des services publics qui ne répondent plus (03/2024)
"Numérisation massive, des impacts sociaux impensés" (03/2024)
Les déshumanisateurs (04/2024)
Débat avec la Défenseure des droits (04/2024)
France Travail, fuite de données : demandons des comptes à l'administration ! (04/2024)